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« Le mage du Kremlin » : dans la tête d’un conseiller de Poutine

OPINION. Inspirée de la vie de l’ex-conseiller Vladislav Sourkov, « l’éminence grise » de Vladimir Poutine, le roman Le mage du Kremlin (Ed. Gallimard) de l’écrivain Giuliano Da Empoli offre un nouveau regard sur l’époque actuelle.

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Entre la mort du dernier leader de l’Empire soviétique (URSS) Mikhaïl Gorbatchev le 30 août dernier, lequel était au pouvoir au moment de la dislocation de l’URSS en 1991, et l’invasion de la Russie en Ukraine il y a huit mois, le pays de Soljenitsyne a beaucoup changé.

On s’en souvient, après Gorbatchev, arriva Boris Eltsine et avec lui l’hyper capitalisme des vautours, qui va permettre à toute une génération d’oligarques et amis du régime de s’emparer du pouvoir et de nombreuses ressources naturelles et économiques du pays.

« Les nouveaux héros, les banquiers et les top-modèles ont imposé leur domination et les principes sur lesquels était fondée l’existence de trois cents millions d’habitants de l’URSS ont été renversés. Ils avaient grandi dans une patrie et se retrouvaient soudain dans un supermarché (…). Le climat était en train de changer, les gens étaient fatigués et voulaient retrouver un peu d’ordre. Le problème consistait à donner une réponse à cette demande avant que quelqu’un d’autre n’y pense », explique Vadim Baranov au narrateur de ce livre magistral.

Les plus vieux se souviennent encore des images de Eltsine à New York en 1995, complètement saoul, en compagnie d’un Bill Clinton hilare. Cette scène, parmi d’autres grands moments historiques, est aussi évoquée. Vue à la télé par 150 millions de Russes, jadis encore fiers de leur civilisation, dont Vladimir Poutine, cette séquence a littéralement humilié la nation.

Et quand Poutine, une fois devenu Premier ministre, se rendit à son tour à New York pour y rencontrer le Président Clinton — c’est-à-dire celui qui avait géré d’une main de fer le démantèlement de l’Union soviétique sans rien céder en retour —, lui a demandé des nouvelles de son vieil ami Boris, il a du coup réactivé une vieille et profonde blessure. Humiliation qu’aucun Russe ne...

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