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Pourquoi la statue de Saint-Michel aux Sables-d’Olonne dérangeait-elle tant ?

CONTRIBUTION / OPINION. La décision du Conseil d’État validant, il y a quinze jours, le déboulonnage de la statue de Saint-Michel aux Sables-d’Olonne, interroge sur notre conception française de la laïcité et son rapport avec notre culture.

/2023/04/Saint-Michel-Archange-Sables-Olonnes


L’exégèse culturelle, métapolitique plus qu’idéologique, qu’a proposée Philippe de Villiers du déboulonnage de la statue de Saint-Michel décidée par le Conseil d’État dans un article du Figaro Vox, est riche de réflexions imagées et percutantes : « Le saint patron des parachutistes a perdu la bataille contre le sacro-saint “État de droit”, qui pèse des œufs de mouche dans des balances de toiles d’araignées, pendant que la cité s’effondre », écrit-il Et le chevalier vendéen au sourire amer de baisser sa lance pour charger le « gouvernement des juges » et la laïcité — « la laïcité multi-déculturée est devenue sélective » —, ou plus exactement, pour pourfendre la laïcité dévoyée, puisque Philippe de Villiers encense les Jules (Quicherat, Michelet, Ferry) de la IIIe République, la trinité des fédérateurs du « récit national », et rappelle, fort justement, que Jeanne d’Arc fut canonisée par la Sorbonne avant d’être reconnue sainte par l’Église. « Leur sagesse, note de Villiers à leur sujet, leur donnait à penser que la France n’est rien sans l’esprit d’enfance. Il n’y a pas d’unité de destin sans l’unité des cœurs. Il n’y a pas d’unité des cœurs sans lien amoureux, sans un peuple amoureux. »

Son article tient de l’ode et dit bien la nécessité d’une « mémoire affective » chargée de hautes figures et de parlants symboles ; il permet de sentir que ce qui, en Occident, a pris la place du christianisme, à savoir l’actuel humanisme de plus en plus informe, désincarné et sans cesse progressant : dégenré, déconstruit, dégénérant en lui-même (les droits de l’Homme devenus les droits Humains, en passe de devenir ceux du Vivant en attendant mieux…), cet humanisme-là ne peut offrir que des idées nébuleuses, des principes abstraits, des « valeurs » mouvantes, de la « matière à avocats et à juges » que ces officiants brandissent et malaxent comme ils l’entendent, auxquels on peut...

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