Pourquoi la statue de Saint-Michel aux Sables-d’Olonne dérangeait-elle tant ?
CONTRIBUTION / OPINION. La décision du Conseil d’État validant, il y a quinze jours, le déboulonnage de la statue de Saint-Michel aux Sables-d’Olonne, interroge sur notre conception française de la laïcité et son rapport avec notre culture.
L’exégèse culturelle, métapolitique plus qu’idéologique, qu’a proposée Philippe de Villiers du déboulonnage de la statue de Saint-Michel décidée par le Conseil d’État dans un article du Figaro Vox, est riche de réflexions imagées et percutantes : « Le saint patron des parachutistes a perdu la bataille contre le sacro-saint “État de droit”, qui pèse des œufs de mouche dans des balances de toiles d’araignées, pendant que la cité s’effondre », écrit-il Et le chevalier vendéen au sourire amer de baisser sa lance pour charger le « gouvernement des juges » et la laïcité — « la laïcité multi-déculturée est devenue sélective » —, ou plus exactement, pour pourfendre la laïcité dévoyée, puisque Philippe de Villiers encense les Jules (Quicherat, Michelet, Ferry) de la IIIe République, la trinité des fédérateurs du « récit national », et rappelle, fort justement, que Jeanne d’Arc fut canonisée par la Sorbonne avant d’être reconnue sainte par l’Église. « Leur sagesse, note de Villiers à leur sujet, leur donnait à penser que la France n’est rien sans l’esprit d’enfance. Il n’y a pas d’unité de destin sans l’unité des cœurs. Il n’y a pas d’unité des cœurs sans lien amoureux, sans un peuple amoureux. »
Son article tient de l’ode et dit bien la nécessité d’une « mémoire affective » chargée de hautes figures et de parlants symboles ; il permet de sentir que ce qui, en Occident, a pris la place du christianisme, à savoir l’actuel humanisme de plus en plus informe, désincarné et sans cesse progressant : dégenré, déconstruit, dégénérant en lui-même (les droits de l’Homme devenus les droits Humains, en passe de devenir ceux du Vivant en attendant mieux…), cet humanisme-là ne peut offrir que des idées nébuleuses, des principes abstraits, des « valeurs » mouvantes, de la « matière à avocats et à juges » que ces officiants brandissent et malaxent comme ils l’entendent, auxquels on peut...