Pouvons-nous encore manifester en toute liberté ? La question n’a jamais été aussi légitime. Alors que la crise sanitaire est l’ultime prétexte fourni à la motivation de chaque interdiction, les limites de la liberté de manifester n’ont pas attendu la COVID-19. Si on se souvient de la loi anti-casseurs qui établissait un contrôle administratif du droit de manifester ; véritable entrave aux libertés publiques et individuelles de notre pays, le Schéma national du maintien de l’ordre présenté par le ministère de l’Intérieur dessine une pente dangereuse, non seulement pour le droit de manifester mais également pour nos libertés fondamentales. 

« Par le pouvoir d’un mot / Je recommence ma vie / Je suis né pour te connaître / Pour te nommer / Liberté » 

Ses mots tirés du poème de Paul Eluard, qu’on ne cite plus, traduit la détresse dans laquelle nous vivons. Une vie, un pays et surtout une époque qui ne connaît plus la liberté ou qui ne la nomme que pour mieux la brimer.  

Dans cette nouvelle définition du maintien de l’ordre mise en ligne la semaine dernière, plusieurs volets y sont détaillés. Nous y apprenons l’utilisation de nouvelles grenades pour remplacer les modèles de désencerclement qui avaient causé de lourds problèmes sur le terrain, un cadre de l’utilisation de LBD renforcé avec l’obligation de la présence d’un « superviseur » sur le terrain pour valider ou non son utilisation, des obligations de transparence sur l’uniforme des policiers sans oublier d’évoquer la « place particulière des journalistes au sein des manifestations ». Et c’est sur ce point précisément, en plus de quelques tournures technocratiques bien pensées que ces annonces doivent nous alerter. Concernant les journalistes, afin que ces derniers évoluent en toute sérénité dans des manifestations, il est préconisé que ces derniers soient équipés de matériel de protection, sauf bien sûr quand ce matériel...