Un crédit doit être remboursé
CONTRIBUTION / OPINION. Du temps où l’économie était davantage connectée au réel, la question de rembourser un crédit ne se posait pas. Mais aujourd’hui, la responsabilité budgétaire semble s’être diluée autant que l’économie s’est financiarisée.
Je ne suis sans doute plus qu’un croûton, mes études, je les ai faites dans les « dingos dossiers ». J’avais un professeur du nom de Gotlib, un autre nommé Reiser, il y avait aussi une Claire « Bretecher », un Faulon, maître en dessin et en poésie ; si je me souviens bien d’eux, je me rappelle que c’était aussi l’époque où dessiner et penser n’était pas si intolérable, on savait écrire et compter.
À la maison, sur mon petit carnet de comptes, j’avais une page pour les dépenses et une autre pour les recettes, je faisais mon petit budget en centimes de francs, mais il était en équilibre. J’avais appris à ne pas dépenser plus que ce que j’avais, à ne pas dépenser l’argent que je n’avais pas ni celui des autres. Personne ne me devait d’argent.
Il n’y avait pas intérêt à dépenser plus, on ne parlait pas de taux d’intérêt. On ne savait pas encore combien coûtait l’argent, ni que l’argent, ça coûtait cher. On faisait ses économies. À ceux qui en laissaient tomber par terre, on disait que l’argent ne poussait pas.
Ça n’était pas vrai. De vrais maraîchers, qui en faisaient la culture intensive m’ont convaincu, du contraire, qu’une simple graine pouvait faire tout un épi, que l’argent ne servait pas à manger, que c’était un vrai gaspillage, qu’il servait maintenant à en produire, qu’il fallait changer de Culture. Même le pape avait donné son nom à sa monnaie… il ne fallait plus manger d’argent.
Alors, on s’est mis à en semer partout, même par les fenêtres, celui qu’on n’avait pas. Au diable la sécheresse, la grêle, ce blé-là pouvait rapporter gros, par tous les temps, sa culture se faisait sous serres. Il fallait seulement aller aux étals du marché pour l'acheter frais, quand il ne coûte pas...