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Aymeric « Guizot » Caron

ARTICLE. Alors qu’il a annoncé sa candidature aux Législatives au sein de l’alliance NUPES, Aymeric Caron fait l’objet de critiques concernant une proposition « utopique » issue d’un livre publié en 2017, Utopia XXI : le permis de voter. Un retour au 19ème siècle ?

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Une fois la séquence de l’émission C à vous, isolée et diffusée sur les réseaux sociaux, Aymeric Caron a rapidement été surnommé « François Guizot » par certains commentateurs. L’analogie historique est assez cocasse, car François Guizot est le grand penseur libéral de la monarchie de juillet qui consacre à la tête de la France la branche des Orléans en la personne de Louis-Philippe Ier, roi des Français. Ce camp progressiste est aujourd’hui davantage rattaché à Macron qu’à Mélenchon.

À partir de la Restauration de 1815, c’est en effet le camp des monarchistes modérés (les Libéraux de l’époque) qui défend le suffrage censitaire (le vote est conditionné au paiement de l’impôt). Il faut donc payer pour être électeur (300 francs), et encore plus (1000 francs) pour être éligible. Les Ultras (les monarchistes durs partisans du retour à l’Ancien régime) s’opposent au suffrage censitaire car ils y voient une aristocratie de l’argent, et une façon pour la nouvelle bourgeoisie – qui vient de triompher avec la Révolution française – de s’accaparer le pouvoir en écartant le peuple du vote. Les Ultras, partisans d’une alliance entre l’ancienne noblesse et le peuple contre la bourgeoisie, sont partisans d’un suffrage universel à deux degrés.

C’est le camp des monarchistes modérés qui va triompher à partir de 1830 par le biais des Doctrinaires, ces penseurs libéraux dont François Guizot est le chef de file. Comme le rappelle Pierre Rosanvallon, François Guizot considère le suffrage universel « en soi si absurde qu’aucun de ses partisans même n’ose l’accepter et le soutenir tout entier ». Sur le plan théorique, Guizot défend, contre le principe – jugé dangereux - de la souveraineté populaire, l'idée d'une « souveraineté de la raison ». Il s'agit de renvoyer dos à dos les partisans de la souveraineté du peuple et les défenseurs du droit divin : ni Rousseau...