Les Amish et la 5G : Emmanuel Macron et l’art du manichéisme
ARTICLE. Lorsque le président résume les discussions autour de la 5G à une opposition entre la continuité du progrès et « le modèle Amish », il poursuit une logique entamée au cours de sa campagne en 2017 qui voue le débat politique à tomber dans un manichéisme insupportable.
C’est un rendez-vous que le président de la République a pris l’habitude d’honorer depuis son investiture : la rentrée de ladite French Tech. Cette année, Emmanuel Macron recevait à domicile. Comme relevé par de nombreux journalistes il y a deux semaines, c’est en effet dans la salle des fêtes de l’Élysée que se tenait le France Digital Day version 2020. Comme toujours devant les entrepreneurs de ce monde à part, le président a misé sur la décontraction. Les années précédentes, les interventions du chef de l’État étaient surtout remarquées grâce à son immersion totale dans le milieu de l’entrepreneuriat version XXIe siècle, maniant à la perfection cette malicieuse langue hors-sol mélangeant anglais et français. En effet, Emmanuel Macron et la French Tech appartiennent au même univers. Preuve en est, cette phrase prononcée par l’entourage du président dans une dépêche AFP à l’ouverture du France Digital Day l’année dernière, actant l’avènement de la start-up nation : « Nous avons besoin d’investisseurs qui sont prêts à prendre plus de risques, dans le prolongement des efforts qui ont été faits depuis deux ans ».
Mais cette année, les divers commentateurs auront principalement retenu une phrase du président sur la nouvelle génération de téléphonie mobile dont le déploiement est en cours en Europe, la 5G. Selon Emmanuel Macron, ceux qui la refusent prônent un « retour à la lampe à huile », sur la base d’un « modèle Amish ». Il faut rappeler que divers élus de gauche, adoubant la demande de la convention citoyenne pour le climat, avaient précédemment réclamé la tenue d’un moratoire sur le sujet, avant la mise aux enchères des fréquences auprès des opérateurs mobiles à la fin septembre. Il ne s’agit évidemment pas de faire un symbole de la phrase du président de la République, déjà largement commentée, ni de lui conférer un...