Les Gafam ont-elles si peu de pouvoir aux yeux de certains pour qu’il faille leur en accorder encore plus ? C’est par ricochet ce que semblent penser plusieurs députés du groupe Modem, allié à la majorité présidentielle. Dans le cadre des débats ce mardi 28 mars sur la proposition de loi « visant à lutter contre les arnaques et les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux », ils ont déposé un amendement qui ne manque pas de surprendre, puisqu'il vise à « demander aux plateformes de mettre en avant dans leurs algorithmes les influenceurs ayant obtenu » un label similaire à celui du Journalism Trust Initiativ qui « certifie les médias fiables, que les plateformes mettent par la suite plus en avant ».

Cette proposition entend accorder encore plus de pouvoir aux plateformes numériques, sans qu’elles aient pourtant de légitimité démocratique à dire qui de tel ou tel média est fiable ou non. Les questions d’algorithme sont souvent dans le collimateur des médias alternatifs. Olivier Berruyer, fondateur et Rédacteur en chef d’Elucid, s’est plaint dans une foire aux questions (FAQ) datant du 25 mars d’être volontairement mal référencé (« shadowban », dans le jargon des réseaux sociaux) par YouTube. D’après son fondateur, l’entretien consacré à l’Ukraine avec Emmanuel Todd n’apparaît qu’en fond de moteur de recherche. Elle cumule tout de même 820 000 vues, mais sans doute le titre « la 3e guerre mondiale a commencé : l’escalade en Ukraine va tout changer », n’a pas eu l’heur de plaire aux robots de la plateforme. Une décision arbitraire qui a des conséquences immédiates sur le modèle économique du média, qui dépend des aléas du géant américain.

Encadrer l’activité d’influenceur

Que vient faire cet amendement dans un texte pareil ? Difficile d’y trouver un lien immédiat. Les députés Stéphane Vojetta (apparenté Renaissance) et Arthur Delaporte...