Pourtant à l’origine des investigations, la télévision publique allemande NDR a fait machine arrière. Cible de pressions et de fausses accusations contre ses journalistes, d’après Mediapart, la direction de la chaîne a décidé au dernier moment de censurer le sujet. Pour cause, l’enquête en question porte sur les liens étroits entre « la plus grosse organisation de journalisme d’investigation sur terre », d’après son président et co-fondateur, Drew Sullivan, et le gouvernement américain.

Créé en 2008 à Sarajevo, l’OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project) jouit pourtant d’une solide réputation. Ce réseau de médias peu connu du grand public, mais très influent dans le milieu de l’investigation, a notamment nourri les enquêtes Panama Papers, les Pandora Papers, ou encore les Laundromat, portant sur les détournements de fonds des élites russes et azerbaïdjanaises. Avec ses 200 salariés à travers le monde, l’OCCRP fédère plusieurs dizaines de prestigieux médias occidentaux comme le New York Times outre-Atlantique, le Guardian au Royaume-Uni et Le Monde en France. Mais la centaine de prix de journalisme reçus par l’organisation et le courage de nombre de ses reporters – dont certains sont emprisonnés pour leur travail – n’effacent pas la part d’ombre dévoilée par ladite enquête, réalisée conjointement par NDR, Mediapart, Drop Site News (États-Unis), Il Fatto Quotidiano (Italie), Reporters United (Grèce), qui est loin de n’être qu’une simple création spontanée de journalistes indépendants

Une création américaine

Aux origines de l’OCCRP, on retrouve deux noms : Drew Sullivan, et David Hodgkinson, un militaire et haut fonctionnaire américain. Dans les années 1990-2000, le journaliste Drew Sullivan est envoyé à Sarajevo par l’USAID, l’agence de l’aide au développement américaine, pour former des journalistes. Il crée une première ONG (Centre pour le journalisme d’investigation (CIN), avec laquelle il commence à développer un réseau dans la région. En 2007,...