La presse peut-elle être libre si elle n’est pas de gauche ou du centre ? C’est la question qui enflamme le microcosme journalistique parisien ces derniers jours. À peine annoncé à la direction du Journal du dimanche, Geoffroy Lejeune a provoqué, sans dire mot, une crise d’effroi dans le milieu politico-médiatique. L’arrivée du journaliste fraîchement débarqué de Valeurs Actuelles — pour ses accointances trop fines avec Éric Zemmour, aux yeux de son principal actionnaire — serait une menace pour la liberté de l’information.

Le 22 juin, les salariés de l’hebdomadaire dominical ont voté une grève reconductible à 99%, affirmant que « le JDD n’est pas un journal d’opinion. C’est un journal qui aime la politique sans prendre parti, attaché à son indépendance, reconnu pour son sérieux et sa modération ». Un journal « indépendant », raillé à maintes reprises, notamment par le Canard Enchaîné, pour son rôle de passe-plats de la communication gouvernementale, critique qui lui a valu le surnom de « Pravda de la macronie ». Peu étonnant, dès lors que les sphères gouvernementales viennent donner leur avis sur ce mercato journalistique, à l’instar de la ministre de la Culture, RIma Abdul Malak, qui a déclaré ce dimanche sur Twitter comprendre « les inquiétudes de sa rédaction » et s’alarmer « pour nos valeurs républicaines ».

Le sujet s’est même invité à l’Assemblée nationale, dans une question du député Renaissance Marc Ferracci, adressée au ministre chargé du renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement, Olivier Véran : « Ce ne sont certainement pas les parlementaires, les ministres, les élus, qui ont à définir la ligne éditoriale d’un média. Mais ça n’est pas non plus le rôle d’un actionnaire. Car si nous sommes profondément attachés à la liberté économique, nous sommes également convaincus que le respect de l’indépendance éditoriale des journalistes est un principe essentiel à la liberté de...