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Identité numérique européenne : à quoi jouent les apprentis sorciers de Bruxelles ?

ARTICLE. « S’identifier et de s’authentifier en ligne sans avoir à recourir à des fournisseurs commerciaux ». Sur le papier, l’initiative peut sembler séduisante. Mais ce projet, sur lequel le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne ont trouvé un accord ce jeudi 9 novembre, pose tout de même un certain nombre de problèmes quant aux libertés individuelles et à la souveraineté des États membres.

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La première pierre d’une société de contrôle ? Jeudi 9 novembre, un accord provisoire a été conclu entre le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen concernant la mise en place d'un système d’identité numérique européen (aussi appelé « eID »), fondé sur une proposition de la Commission de juin 2021, sous l’impulsion de Margrethe Vestager et de Thierry Breton, l’actuel commissaire au numérique et au marché intérieur. Au cœur de cette initiative, un dispositif permettant aux individus et entreprises de disposer d'un « portefeuille » d'identité « en ligne », intégrant des documents tels qu'un permis de conduire, un compte bancaire ou des diplômes. L'objectif : faciliter l'accès aux services publics et privés, ainsi que le partage de documents électroniques via smartphone, le tout de manière sécurisée. Que du positif… sur le papier. Dans la pratique, la dématérialisation de l’identité interroge.

Et s’il ne s’agissait que d’un levier de plus que la technocratie serait libre d’utiliser contre les peuples ? C’est en tout cas l’avis de Cyrille Dalmont, expert en régulation et enjeux éthiques du numérique à l’Institut Thomas More. Interrogé par Front Populaire, il émet des réserves quant à cette démarche, la percevant comme un moyen déguisé d'unifier et contrôler l'identité numérique des citoyens de l’UE. Pour lui, l’identité numérique européenne s’inscrit dans la continuité de « la logique de l'affaiblissement de l'État, visant à minimiser son rôle dans la société, en le réduisant à un simple agent économique. »

Sur son compte X (anciennement Twitter), le commissaire Thierry Breton s’est empressé de saluer (en anglais bien sûr) ce qu’il considère comme « un pas de géant et une première mondiale ». Véritable innovation ou simple coup de com’ ? Cyrille Dalmont n’est pas dupe : pour lui, il ne faut voir dans cet autosatisfecit maastrichtien que la validation de la logique de l’ « État plateforme ». Ici, l'État se...