L’Occident est une notion difficile à définir : VRAI

L’Occident est un peu comme le temps chez saint Augustin, on sait ce que c’est tant qu’on n’est pas tenu de le définir clairement. Occident, dans sa forme latine occidere, renvoie concrètement à l’acte de choir, donc au fait de mourir – le verbe transitif « occire » signifie d’ailleurs « tuer » et, d’un point de vue astronomique, au « couchant », par opposition au « levant » (Orient). C’est aussi une donnée géographique, comme le montrent, entre autres, les langues romanes pour lesquelles l’Occident correspond à l’ouest. Le terme n’a donc pas originellement de connotation idéologique et il n’en a acquis une que très tardivement. En effet, la signification projetée sur l’histoire de l’Occident est largement rétrospective (1). Le concept paraît dès lors aussi fuyant qu’arbitraire. L’ouest ? Peu de sens sur une planète ronde. L’Europe ? C’est oublier les États-Unis. Les pays développés ? Non plus, sinon le Japon serait occidental.

À ce titre, certains auteurs considèrent que l’Occident est un « concept occultant (2) », c’est-à-dire un mot qui sert moins à désigner une réalité qu’à la cacher dans le flou de la conceptualité. Comme le note Jean-François Colosimo : « L’Occident n’a de sens concret que depuis 1945 et se trouve être l’autre nom de l’OTAN, soit de la domination militaire des États-Unis (3). » Concept fourre-tout aux contours mouvants, l’Occident désigne aujourd’hui l’agglomération de l’Europe de l’Ouest, de l’Amérique du Nord et de l’Australasie (Australie et Nouvelle-Zélande). On retrouve approximativement ce découpage chez un défenseur de la substantialité de la notion d’Occident comme Philippe Nemo qui désigne le terme ainsi : « La culture qui est commune à l’Europe de l’Ouest et à l’Amérique du Nord. En ce sens, il recoupe à peu près, quant à l’extension, les notions de “civilisation européenne” et de “chrétienté romaine” (non orthodoxe (4)). » Philippe Nemo excut ainsi Israël...