La France paysanne se rabougrit et souffre. On ne compte plus que 389 000 exploitations sur notre territoire et chaque agriculteur gagne en moyenne 843 € par mois, traînant un endettement moyen de 220 000 €. Les situations sont bien entendu disparates : si un certain nombre de gros exploitants agricoles bénéficiant le plus des aides européennes (en réalité françaises) s’enrichit, la plus grande part du monde paysan travaille à perte. Tous aimeraient vivre de leur métier sans mécanismes d’assistance (RSA, CMU, etc.), peu y parviennent.

La concurrence internationale déloyale, produite par les traités européens et de libre-échange, aggrave une situation déjà difficile, où le gros des gains du secteur profite à quelques familles de l’agrobusiness qui détiennent des monopoles horizontaux et verticaux, et imposent des prix ridiculement bas aux exploitants, cause première de la précarité paysanne. Sans parler des nouvelles normes européennes auxquelles le petit a plus de mal à s’adapter que le gros. Les agriculteurs sont en permanence sur la corde raide. Il ne faut pas s’étonner que cette profession connaisse un des plus hauts taux de suicide : deux par jour en moyenne !

Une année noire pour certains

À ces difficultés structurelles s’ajoutent les difficultés conjoncturelles, en particulier climatiques. La sécheresse de cette année est redoutable. Si le secteur du blé s’en sort finalement bien avec un rendement de 69,5 quintaux/hectare (– 4% seulement), il n’en va pas de même partout. Pour certains, c’est une année noire : dans le Gard, la récolte d’olives s’annonce désastreuse ; en Vendée, des maraîchers subissent des pertes allant jusqu’à 70% ; dans les Cévennes, la production d’oignons est détruite de 20 à… 100%, etc. Quand ce n’est pas toute une récolte qui part en fumée comme à Catenay en Seine-Maritime, où 4 000 m² d’orge ont brûlé sur pied. Actuellement, le taux d’humidité...