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« Dieu vous entende, Michel »

L'entretien entre Michel Houellebecq et Michel Onfray.

/2022/11/1_entretien


Note de l'éditeur : deux passages du dialogue ont été masqués, et toutes les lettres qui les composent ont été remplacées par des X. Il s'agit de propos auxquels Michel Houellebecq a préféré renoncer.


Michel Onfray : « Je regarde de toutes parts et je ne vois partout qu’obscurité. » C’est par cette citation des Pensées de Blaise Pascal, cher Michel, que vous commencez votre texte politique le plus récent, qui a été publié l’an dernier dans Le Point. Or, il se fait que je vois dans cette phrase la quintessence de votre pensée.

Car je crois, si vous me permettez, qu’il y a une « pensée Houellebecq ». Une pensée à laquelle j’adhère absolument, d’ailleurs, n’ayant rien à redire à tout ce que vous avez pu écrire sur la civilisation. Et donc, j’aimerais bien reprendre avec vous quelques-unes des remarques que vous avez faites sur cette question. Et je commencerai par vous interroger sur l’effondrement de la France, qui pour vous est une évidence.


Michel Houellebecq : Une évidence, oui, mais pas seulement pour moi. Et c’est ça qui me stupéfie, avant tout. La France ne décline pas davantage que les autres pays européens, mais elle a une conscience exceptionnellement élevée de son propre déclin. Dans le texte du Point auquel vous faites allusion, je parle presque uniquement de démographie. Or, sur le plan démographique, notre pays n’est pas celui qui décline le plus. Si l’on considère l’indice synthétique de fécondité, c’est-à-dire le nombre d’enfants par femme, les nations les plus mal classées de notre continent sont celles d’Europe du Sud : le Portugal et la Grèce à 1,4, l’Espagne et l’Italie à 1,3. Alors que la France est à 1,8. Ça fait une grosse différence.

Ce n’est pas un déclin seulement français que nous vivons. Ce n’est même pas un déclin seulement occidental,...

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