Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, une partie sans cesse croissante des Français s’inquiète de l’identité culturelle de leur pays. Pourtant, ce n’est pas faute de les avoir invités à l’accueil, au partage, à la tolérance, et ce durant cinquante ans. À tel point qu’il est rendu bien difficile de faire entendre une pensée libre, honnête et construite sur l’importance immuable de la souveraineté pour tout pays, sans que l’inévitable et épineuse question des frontières surgisse et jette à elle seule le discrédit sur une étude complète. Immanquablement, l’auteur se voit alors affublé de tous les clichés : pensée rance, repli sur soi, xénophobie rampante. Les derniers soubresauts électoraux des mois de juin et juillet derniers, ainsi que le traitement médiatique typiquement hexagonal qui en a été fait, témoignent à eux seuls de l’immense fracture culturelle qui, dorénavant, scinde la France en deux (voire plus). En 1974, Yves Boisset réalisait le film Dupont Lajoie, resté célèbre pour avoir installé dans les esprits un idéal-type, une figure archétypique du franchouillard lâche et méprisable, du petit-bourgeois aigri, pingre et perfide. Le personnage principal, un type profondément raciste interprété par Jean Carmet, viole puis tue la jeune Isabelle Huppert, laisse accuser des ouvriers maghrébins et participe à leur lynchage. Si ce film, qui a fait date, ne nous épargne pas certains stéréotypes, il faut rappeler que ce genre de personnages existait alors, et existe toujours, au moins en puissance. À l’époque, la justice elle-même pouvait trouver des circonstances atténuantes à de tels crimes. Mais depuis, le temps a fait son œuvre et le racisme est devenu le crime social par excellence. Il est dès lors hors de question de tenter de l’expliquer, ne serait-ce que sous le rapport du phénomène social, instinctif et planétaire qu’est la « xénophobie », au vrai sens du terme,...