Iran-Israël : les trois leçons d’un bras de fer stratégique
Le bras de fer qui a opposé Téhéran à Jérusalem entre le 1er et le 19 avril dernier offre trois leçons qui donnent raison au célèbre stratège prussien Clausewitz.
L’échange de feu entre l’État d’Israël et la République islamique d’Iran au mois d’avril vérifie de manière éclatante la célèbre formule de Clausewitz : « La guerre, c’est la continuation de la politique par d’autres moyens. » La première leçon, c’est que dans un Moyen-Orient dominé par des passions religieuses et des paranoïas nationales parfois poussées à leur paroxysme, la rationalité clausewitzienne continue de prévaloir. Le dialogue « stratégique » entre Tsahal et l’état-major iranien aurait pu mal tourner.
Le 1er avril, c’est bien l’État hébreu qui ouvre les hostilités en tirant deux missiles sur une annexe de l’ambassade d’Iran à Damas, tuant seize personnes. Tant en termes de renseignements (le commandant en chef de la force Al-Qods, le général Mohammad Reza Zahedi et son adjoint le général Mohammad Hadi Haj Rahimi, furent tués) que de ratio coût-avantages (deux missiles pour deux cibles majeures), cette frappe constitue une redoutable démonstration d’efficacité et de précision. En frappant une enceinte diplomatique et le sol d’un pays étranger non belligérant, ce résultat est obtenu au prix d’une double et dangereuse transgression. Quelle que soit sa motivation – les Israéliens pensaient que Mohammad Reza Zahedi était impliqué dans la préparation du 7 octobre – en ordonnant ce tir, Netanyahu prend un risque considérable. L’Iran n’a d’autre choix que de riposter car son intégrité territoriale comme sa crédibilité de pays leader du front des non-alignés sont mises à l’épreuve. Douze jours plus tard, donc le 13 avril, les forces armées iraniennes font pleuvoir 200 missiles et drones sur Israël. La réaction de Téhéran semble massive, mais elle est surtout inefficace. 99 % des projectiles sont neutralisés par le dôme de fer (le système de défense aérienne israélien) mais aussi par les contre-mesures des Américains et de leurs alliés. Qu’importe, en attaquant directement le territoire de son ennemi, l’Iran a brisé un tabou....