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La guerre d'Algérie est-elle finie ?

Nous avons posé cette question à l’auteur de l’inoubliable Serment des barbares1. Depuis l’autre rive de la Méditerranée, il nous a envoyé cette réponse « qui n’est pas un texte d’historien, précise-t-il, mais le texte d’un simple observateur, assidu, des relations algéro-françaises et tout particulièrement de cette fameuse guerre d’Algérie qui les empoisonne et continuera à le faire longtemps, tant il semble que ce soit une nécessité stratégique pour les pouvoirs des deux côtés de la Méditerranée d’avoir ce fer au feu ».

/2021/02/9-guerre algerie

Parler de certaines guerres est parfois plus dangereux que de les vivre au front. On échappera peut-être aux bombardements mais pas aux snipers de l’après-guerre. Malheur aux survivants ! La guerre d’Algérie est de ces guerres revanchardes qui se prolongent dans la paix retrouvée et font plus de dégâts à mesure que le temps passe et que les générations montantes, héritant de l’ignorance des parents, perdent pied dans la vie et ne savent trop dans quelle vendetta elles jouent. Ces guerres, nées d’un rêve héroïque et brutal, se veulent porteuses d’une vérité suprême et se voient comme la bataille d’Armageddon où s’affronteront le Bien et le Mal lors de la fin du monde. Mais le charme finissant par se rompre, elles se transforment en une religion féroce, et en un rien de temps les voilà dotées d’un livre sacré, d’une liturgie minutieuse, d’exégèses radicales, de grands prêtres calamiteux et d’une police de la Vérité appliquant des méthodes on ne peut plus archaïques pour confondre les hypocrites. Chantées et célébrées jusqu’à l’ivresse, elles deviennent des mythes étouffants pour leurs peuples, une folie politique, et pour les chefs de guerre un formidable fonds de commerce et de prédation.

Si on pose la question de savoir si la guerre d’Algérie est finie, c’est bien qu’elle ne l’est pas. C’est juste, je crois, une façon délicate de venir aux nouvelles avec l’espoir qu’il y a du nouveau sur le front de la paix. Eh bien non. Avec le nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, nommé par le chef d’état-major des armées en personne, la guerre d’Algérie, mise en sommeil par le grabataire Bouteflika et par la guerre des clans pour sa succession, a repris de plus belle. Dès sa prise de fonction, le sergent Tebboune a tiré quelques bons scuds sur Paris pour lui rappeler en...

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