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La violence, notre nouvelle pornographie

Pour Guillaume Bigot, la France ne s’est pas pacifiée au cours des dernières décennies. Elle s’est plutôt ramollie en procédant à l’annulation culturelle des valeurs viriles, pourtant essentielles à la civilisation.

/2021/08/11-Violence porno

Nous vivons dans un monde où gifler un enfant turbulent et agressif est inconcevable, mais où égorger un passant dans la rue au motif d’un simple refus de cigarette est devenu presque banal. Nous voilà ainsi confrontés à un formidable paradoxe. D’un côté, notre seuil de tolérance à la violence est plus bas qu’il n’a jamais été dans notre histoire. De l’autre, après une baisse continue depuis les années 1970, le nombre de tentatives d’homicides par habitant et la proportion de coups et blessures augmentent à nouveau1.

Comment expliquer ce troublant phénomène ? Mon hypothèse est la suivante : alors que l’homme moderne se voulait pacifique, l’homme postmoderne est devenu pacifiste, oubliant un peu vite que refuser par principe tout affrontement, c’est accepter Auschwitz et les grands massacres du Cambodge ou du Rwanda. C’est perdre de vue qu’il y a pire que la guerre : l’asservissement.

Certes, plus une société est civilisée, moins elle fait couler de sang, moins elle frappe. Abaisser à son niveau le plus résiduel la brutalité individuelle et collective, tel est le but de tout contrat social. La politique institue la cité. La cité institue la police et la politesse. Plus une société est policée, plus ses habitants sont polis et moins elle a besoin de policiers.

LE TABOU DES TABOUS

Mais l’humanité se fonde également sur le combat pour la dignité. La querelle inaugurale hégélienne voit l’un des deux duellistes triompher de l’autre car il préfère sa propre destruction à son asservissement. Plutôt mort que rouge ; ou brun ; ou vert islam. « Tu montreras ma tête au peuple car elle en vaut la peine », rugit Danton sur l’échafaud. « La garde meurt mais ne se rend pas » répondirent les grognards aux Anglais qui leur offraient de se rendre à Waterloo.

Seulement, dans une République française dont le...