Frères musulmansIslamismeFPContenu payant

« Le frérisme vise à islamiser nos sociétés de l'intérieur »

Fondée en 1928, la confrérie des Frères musulmans est la matrice de ce qu’on appelle aujourd’hui « l’islam politique », dont le projet est d’islamiser les institutions occidentales modernes. Faut-il voir dans ce que Florence Bergeaud-Blackler appelle le « frérisme » une idéologie de conquête ?

FRERISME-23-21


F.P. : Pouvez-vous commencer par définir le « frérisme » en indiquant ses origines et ses spécificités ?

Florence Bergeaud-Blackler : J’ai forgé le terme frérisme pour désigner l’idéologie héritée des Frères musulmans, mais qui dépasse aujourd’hui largement l’organisation fondée par Hassan al-Banna en Égypte en 1928. On ne parle donc pas uniquement d’une confrérie structurée et hiérarchisée, mais d’un courant intellectuel, culturel et politique qui a essaimé à l’échelle mondiale. Le frérisme se distingue par plusieurs spécificités. D’abord, un projet global : il vise à islamiser progressivement les sociétés de l’intérieur, en articulant prédication religieuse, action sociale, politique et économique. L’objectif ultime reste l’instauration d’un ordre islamique conforme à la charia, parfois pensé comme une étape vers un califat. Une stratégie d’entrisme et d’adaptation : contrairement aux groupes djihadistes violents, les fréristes privilégient des moyens pacifiques, légaux et institutionnels. Ils investissent les associations, les écoles, l’économie, les institutions politiques, les instances internationales et les universités.

Ensuite, un double langage : les fréristes savent adapter leur discours en fonction des contextes. À un langage religieux et mobilisateur en interne ils peuvent opposer un langage démocratique, humaniste ou antiraciste à l’extérieur, lequel leur permet de trouver des alliés et de se présenter comme des interlocuteurs légitimes. Enfin, un modèle...

Retrouvez tous les articles

755 résultats

Thématiques
Sujets