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Le sursaut d’une génération : De Gaulle, la France… et moi

L’antigaullisme primaire, réflexe politique mortifère d’une génération ? C’est la constatation lucide de Franz-Olivier Giesbert, qui revient sur son propre parcours, dans le basculement d’une époque. « Honte à moi », confesse notre homme, avec la sincérité de celui que la vérité n’ennuie plus. Il paraît que la vie est un cimetière de lucidités rétrospectives.

/2023/10/fogv2


Pourquoi toute ma génération ou presque est-elle passée à côté du général ? Aujourd’hui, avec le recul du temps, toute la mauvaise foi du monde ne pourrait suffire à convaincre qui que ce soit que de Gaulle ne fut pas un grand visionnaire ou qu’il n’a pas remis la France debout, après son retour au pouvoir en 1958. Il est vrai que nous étions une génération perdue qui a eu tout faux sur la plupart des grands défis du XXE. Loin de moi l’idée de reprendre le refrain débile contre les boomers, dont viendrait tout le mal. Même si c’est ce que prétend l’actuelle doxa qui fait de nous – qui avons eu le malheur d’être nés après la Deuxième Guerre mondiale – les boucs émissaires de tous les malheurs de la planète. Avec la complicité du capitalisme et l’« ultralibéralisme », nous serions, selon cette doxa, responsables du réchauffement climatique et de tout le reste. Même s’ils n’ont rien à faire des faits, surtout quand ils les gênent, les contempteurs de ma génération devraient étudier la pollution et l’émission des gaz à effets de serre en Union soviétique puis dans la Russie poutinienne, qui réussit l’exploit d’être le quatrième pollueur de la planète avec une richesse nationale équivalente à celle de… l’Italie. Il faut être bouché pour s’imaginer que le Venezuela ou la Corée du Nord sont des paradis écologiques. Dans ma génération, l’urgence écologique a commencé à faire des émules au cours des années 1970. Et il s’agissait alors d’une vraie écologie, mâtinée de décroissance, pas de cette « écologie politique » qui, sous l’égide d’EELV (Europe Écologie Les Verts), a mis l’écologie au service d’une marmelade idéologique à base d’ultragauche, de wokisme et d’écoféminisme. Autant de fadaises qui ont leurs racines dans le mouvement de Mai 68, qui fut aussi l’apothéose de...