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Les trahisons de la gauche

Force politique censée défendre le peuple, la gauche ne semble plus en mesure de lui parler. Est-ce le peuple qui a changé, délaissant les valeurs de gauche au profit de celles de l’extrême droite ? Ou est-ce la gauche qui a mué, abandonnant le peuple à son sort ? Georges Kuzmanovic a son idée.

/2022/12/28_trahisons


Le peuple change, pas de doute. La gauche aussi. Mais entre les deux, c’est bien la gauche qui a changé le plus. Ce ne sont pas les classes populaires qui se sont détournées des idéaux de gauche, c’est la gauche qui les a trahis, et en se trahissant elle-même, elle a trahi le peuple et la nation. De là découlent sa déconnexion avec le peuple et la méfiance de celui-ci envers ses avatars les plus récents qui tentent de le convaincre de leur innocence. « Nous, disent-ils, nous sommes restés fidèles et nous ne vous trahirons pas. » Mais chat échaudé craint l’eau froide : le peuple refuse désormais de baisser la garde. A-t-il tort ?

Les belles paroles

L’histoire de la gauche française du dernier demi-siècle est avant tout celle de sa composante principale, le Parti socialiste, la « gauche de gouvernement », qui a fait l’expérience du pouvoir. Issu, en droite filiation, de la SFIO – qui signifie, rappelons-le tant c’est aujourd’hui incongru, Section française de l’Internationale ouvrière – le PS se revendique, dans les années 1970, d’idées authentiquement socialistes, qu’il partage avec le PCF auquel le lie le programme commun de 1972. Les 110 propositions de François Mitterrand promettaient ainsi d’en finir avec le capitalisme et l’exploitation. La phraséologie a ensuite perdu de sa superbe, mais a été régulièrement reconvoquée, sous une forme de plus en plus édulcorée, jusqu’au célèbre « mon ennemi c’est la finance », lancé par François Hollande, alors candidat à l’élection présidentielle en 2012, lors de son discours du Bourget, largement écrit par son conseiller Aquilino Morelle :

« Mais avant d’évoquer mon projet, je vais vous confier une chose. Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature,...

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