Notre époque déborde de fascistes sans fascisme, d’extrême droite sans putsch. Dans le même esprit, les écologistes parviennent à nommer « steak végan » une mixture sans viande, « lait de soja » un liquide sans vache, « fromage de soja » une pâtée gluante sans lait, « foie gras végan » une bouillie d’herbes et de légumes sans canard, sans viande et donc sans foie. On trouve ainsi dans un livre de recettes de cuisine sans viande du hamburger végétal, du burger veggie, de la saucisse végane. À quand une boucherie végétarienne et une charcuterie végane ?

Il est vrai que notre époque savante et délurée, finaude et surprenante, produit sur le même principe des femmes sans utérus (mais avec des testicules) et des hommes sans testicules (mais avec un utérus). Sinon des enfants qui donnent des leçons politiques aux chefs d’État de la planète entière ou des adultes fans d’albums à colorier – je conseille au lecteur un ouvrage intitulé Animaux incroyables : un « livre de coloriage pour adultes avec des dessins d’animaux relaxants en style mandala », et ce pour la modeste somme de 5,99 €.

Pourquoi pas, dès lors, une extrême droite sans extrême et sans droite ? Ou des fascistes sans coup d’État, sans casques, sans treillis, sans rangers, sans armes, sans putsch, sans blindés, sans militaires, sans prisons, sans sous-sols où l’on torture les opposants à la gégène ? Une extrême droite pacifique et non violente ? Tout ça est fort raccord. Avec sa Technique du coup d’État, Malaparte n’a qu’à se rhabiller !

L’usage insultant du mot « fasciste » ou de l’expression « extrême droite » vient de Joseph Staline, qui qualifie ainsi quiconque ne souscrit pas à son totalitarisme sanguinaire. D’une certaine manière, être le fasciste de ces fascistes qui recourent à des éléments de langage stalinien, c’est mériter des applaudissements.

De 1917 à 1992, la mode...