Services publics, entreprises, parfois même monde académique sont particulièrement frileux quant à la perspective, pourtant nécessaire, de former leurs personnels aux dangers sécuritaires que l’islamisme peut engendrer. En dépit de la présence évidente et collectivement admise de dysfonctionnements en lien avec la diffusion d’éléments de discours radicaux (prosélytisme au bureau, récrimination contre le collègue non pratiquant, etc.), malgré le souvenir encore frais des attaques djihadistes qui ont encore récemment endeuillé la France (1), la réticence des administrations quant à la mise en place des formations sur le sujet s’explique toujours par les mêmes causes : peur de stigmatiser, crainte de passer pour islamophobe, inquiétude relative au ménagement des sensibilités. La raison ? Un tour de force assez peu médiatisé, mais pourtant bien réel : en toute cohérence, l’islamisme se présente comme islam authentique. Au-delà de l’évidence logique de la manœuvre, une autre conséquence sert éminemment les intérêts des islamistes : on reproche l’amalgame opéré entre musulman et islamiste aux voix qui sont étrangères aux deux sphères, et non pas aux islamistes qui ont pourtant instigué la confusion. On criera – à raison ! – à la réduction hâtive quand le non-musulman dira considérer l’islam comme dangereux par essence, sans voir l’une des véritables raisons de l’erreur de jugement : aux côtés du manque de connaissances, figure le projet islamiste aspirant à ce que les esprits confondent la religion avec sa version idéologique. La stratégie est habile et devient arme de guerre, au même titre que la prédication et l’exaltation armée. Il est donc urgent de pointer du doigt les différences entre islam et islamisme afin de désamorcer le processus par lequel l’islamisme se rend incritiquable ; cependant, faut-il pousser la distinction au point de dire que l’islamisme n’aurait rien à voir avec l’islam ? Tout en reconnaissant que la réduction de l’un à l’autre serait une erreur,...