« Mon ami Michel Houellebecq »
Au cours de son entretien avec Michel Onfray, Michel Houellebecq cite à deux reprises son ami Geoffroy Lejeune, 34 ans, directeur de la rédaction du magazine conservateur Valeurs actuelles. Nous avons voulu en savoir davantage sur cette relation singulière, qui les a menés de la brasserie La Rotonde au palais de l’Élysée en passant par Bruxelles et le Cirque d’hiver.
F.P. : Comment avez-vous connu Michel Houellebecq ?
Geoffroy Lejeune : C’est simple, à l’origine ce n’est ni plus ni moins qu’une fascination de lecteur et un intérêt de journaliste. À partir de la publication de Soumission1 en 2015, j’ai essayé de prendre contact avec lui à plusieurs reprises, d’abord pour lui demander son avis sur l’islam, ensuite sur d’autres sujets, mais toujours en vain. Dès que j’avais un thème un peu profond à traiter, je pensais forcément à lui, à sa capacité unique de voir les choses avant tout le monde. J’avais son adresse mail, que pas mal de gens m’avaient donnée, et qui m’avait l’air d’être sûre. Je ne compte plus le nombre de fois où je l’ai sollicité, comme je peux solliciter d’autres grands écrivains tels qu’Alain Finkielkraut ou Michel Onfray. Résultat, j’ai obtenu beaucoup de réponses polies, mais jamais aucun entretien. Jusqu’en 2017, quand nous avons recruté Charlotte d’Ornellas à Valeurs actuelles. Elle a eu l’excellente idée d’inviter Michel Houellebecq au restaurant, comme ça, sans enjeu particulier, en s’engageant à ne rien publier de nos échanges. Michel a accepté et nous nous sommes ainsi retrouvés un soir avec lui à dîner à La Rotonde, près de la gare Montparnasse à Paris. Il y avait aussi le chef de notre service Société, Michaël Fonton. Le repas a commencé à 20 h 30 et s’est terminé à… 4 h 30 du matin ! Ce qui nous a permis de poser à Houellebecq toutes les questions qui nous passaient par la tête, en buvant des verres de meursault, en refaisant le monde et en rigolant. Nous avons alors découvert quelqu’un d’extrêmement attachant, fidèle à l’image du personnage public qu’il est et en même temps, un peu désarmant avec ses réponses parfois à l’emporte-pièce. Depuis, on a souvent dîné ensemble, pour parler de tout...