Nos invasions barbares
Quelles leçons tirer de l’épisode « Nahel » et des émeutes qui lui ont succédé ? Notre chroniqueur Éric Guéguen nous propose un antidote radical : prendre la République au mot.
Le 27 juin 2023, à Nanterre, le jeune Nahel Merzouk, franco-algérien de dix-sept ans, était tué au volant d’un bolide de location par un tir à bout portant suite à un refus d’obtempérer. Big Brother n’étant jamais très loin, la scène a été filmée de bout en bout. La vidéo accable le policier incriminé, pourtant aguerri. Il est en effet bien difficile de ne pas évoquer une « bavure » de sa part, hors légitime défense et moyens appropriés pour immobiliser le véhicule. Ce policier sera jugé et sanctionné en conséquence, mais la portée de ce drame ira bien au-delà. Il sera, le jour même, prétexte à un nouvel épisode de guerre civile dans les quartiers édulcorés « sensibles ».
La pompeuse excuse du racisme
Nous avons tous le sentiment d’avoir déjà vu le film. Les protagonistes sont systématiquement les mêmes : les forces de l’ordre d’un côté, de l’autre de jeunes hommes binationaux maghrébins ou subsahariens en situation d’imprudence routière. Un contrôle qui tourne mal met ensuite le feu aux poudres. Sans jamais désarmer, certains Français estiment que les émeutiers sont par définition victimes d’un racisme d’État et maintenus volontairement dans la misère, les poussant à une violence légitime. C’est faire peu de cas des moyens investis dans le désenclavement urbain et culturel de ces quartiers. Les gouvernements successifs ont dépensé sans compter dans de sempiternels et inutiles plans banlieue. Depuis la fin des années 70, des dizaines de milliards ont été englouties dans les zones d’éducation prioritaire, dans les lois d’orientation pour la ville ou solidarité et renouvellement urbains (SRU), dans les zones franches urbaines. Puis ce seront les plans Jospin, Borloo (déjà à l’époque), Sarkozy et Ayrault, en espérant que la pilule passe mieux si elle est administrée par Azouz Begag, Fadela Amara ou Najat Vallaud-Belkacem. Suite aux attentats, Manuel Valls débloquera...