EditoFPContenu payant

Nous autres civilisations...

L'Édito de Michel Onfray pour le 1er numéro de Front Populaire

/2020/06/ONFRA EDITO

Voilà une vieille idée qui a toujours échoué, s’entend-on dire depuis que nous avons fait connaître notre projet ! Ça n’est pas faux, mais essayer de comprendre pourquoi permet d’envisager qu’on ne commette pas les mêmes erreurs qui ont fait qu’effectivement, ce projet n’a jamais abouti.

D’abord, convenons qu’en effet c’est une vieille idée et qu’elle a brillé au moment inaugural d’une Europe qui se construisait au prix de la destruction des États, donc des nations. C’était le temps d’une Europe de mots et de papier, d’idées et de concepts promus par des publicitaires payés par des politiciens giscardiens et mitterrandiens appuyés par des journalistes ravis d’en être. Le réel n’avait rien à dire. Le capital vendait alors sur plan un château en Espagne qui n’avait que des avantages.

Le projet réel ne fut pas clamé sur tous les toits : avec l’accord et le soutien des Américains, il s’agissait de transformer la vieille Europe de Goethe et de Dante, de Descartes et de Cervantès, de Shakespeare et de Pessoa, en un continent où le marché ferait la loi – l’objectif était d’en finir avec les cathédrales et les bibliothèques au profit des supermarchés et des Macdrive. Ce continent se faisait le rouage d’une plus grande machine qui est l’État universel pensé et voulu comme un État global. C’est pour cela que l’Europe de Maastricht, conçue comme un État avec son drapeau, sa devise, ses frontières, sa monnaie, son parlement qui entérine ce que sa commission non élue décide, devait abolir les autres États présentés comme des ferments de nationalisme, donc de guerre.

Cet État maastrichtien entrait dans un projet impérial, donc impérialiste : après la fausse prophétie de Francis Fukuyama selon laquelle, après la chute du mur de Berlin, le capitalisme avait triomphé et pouvait désormais s’installer partout sur la planète sans...