F.P. : Vous vous définissez tous les deux comme patriotes, l’un européen, l’autre français. Pourquoi européen ? Et pourquoi français ?

David Engels : Je me considère comme patriote européen, car je suis amoureux de toutes les nations et régions qui ont fait et font toujours la grandeur de notre civilisation. Venant de Belgique, certaines parties de l’Europe me sont plus proches que d’autres, mais ayant beaucoup travaillé sur les civilisations non européennes, j’ai acquis et expérimenté la certitude absolue qu’il existe bel et bien une civilisation européenne spécifique dont les nations et les régions ne sont que les facettes, et que, dès lors, un Portugais est plus proche d’un Polonais qu’ils le seraient tous les deux d’un Chinois, d’un Indien ou d’un musulman.

Ceci dit, notre identité civilisationnelle se base sur deux éléments : l’un historique, l’autre de l’ordre de notre psychologie collective. En ce qui concerne l’histoire, nous partageons tous les mêmes racines (indo-européennes, vétérotestamentaires, gréco-romaines et chrétiennes), mais notre psychologie commune va au-delà de ces simples strates : nous sommes tous animés par un esprit unique de dépassement de soi, d’ambition « faustienne » qui nous distingue fondamentalement des archétypes des autres grandes civilisations. Pas étonnant dès lors que même après la véritable « naissance » de l’homme européen au début du Moyen Âge, tout le continent ait partagé un destin artistique, politique, social et spirituel très similaire, et ce en dépit des nuances importantes dues aux différentes identités nationales ou régionales. Nous sommes une communauté de destin, et face aux menaces de l’immigration de masse, de l’autodestruction wokiste ou de la compétition avec les autres grands États-civilisation, d’une manière ou d’une autre, nous survivrons ensemble – ou nous sombrerons ensemble.

Pierre-Yves Rougeyron : Je suis patriote français parce que je suis un homme situé, conscient de ce que je dois à tous ceux qui m’ont précédé. Je...