Standard and Poor's dégrade Macron
En mai dernier, l’agence de notation américaine dégradait la note de la France. L’annonce n’a guère eu de conséquences sur le taux d’emprunt à dix ans. Mais la dégradation a sans doute eu plus de conséquences politiques, anéantissant les effets de communication d’une Macronie désavouée par les élites de la finance…
Fin 2023, l’agence avait conservé à notre pays la note AA, anticipant « une diminution de la dette publique en pourcentage du PIB à partir de 2025, quoique très progressivement ». Las, en février 2024, Bruno Le Maire a admis que le déficit budgétaire pour l’année passée n’était pas de 4,9 % du PIB, mais 5,5 % ! Parallèlement, il a aussi dû reconnaître que le déficit pour 2024 serait plus élevé (5,1 % au lieu de 4,4 %), malgré deux vagues d’annulation de crédit de 10 milliards d’euros chacune !
Cette incapacité à seulement connaître le montant des recettes fiscales de l’année passée a lourdement pesé dans le jugement de l’agence, qui reconnaît : « Contrairement à nos prévisions antérieures, nous estimons que la dette publique de la France augmentera pour atteindre environ 112 % du PIB d’ici 2027. » Et ajoute : « Même si nous pensons que la reprise de la croissance économique et les réformes économiques et budgétaires récemment mises en œuvre permettront à la France de réduire son déficit budgétaire, nous prévoyons maintenant qu’il restera supérieur à 3 % du PIB en 2027. » En termes polis, mais clairs, les prévisions du ministre de l’Économie sont balayées d’un revers de la main…
Macron et Le Maire ont de la chance de bénéficier de médias aussi complaisants. De telles erreurs devraient être rappelées durement sur les plateaux à tout membre de l’équipe présidentielle. Non seulement les déficits continuent d’être importants – tout en réduisant la solidarité nationale et en privant les services publics des financements nécessaires –, mais les amateurs en charge du pays se sont montrés incapables de faire des prévisions un tant soit peu fiables. On parle tout de même d’une erreur de 15 milliards d’euros sur le déficit 2023, signalée en février 2024… A minima, Macron aurait dû renvoyer Bruno Le Maire...