Une nouvelle guerre de religion
Et si le populisme n’était rien d’autre qu’un conservatisme ? C’est l’hypothèse de Chantal Delsol qui voit dans l’expression de la colère populaire le sursaut des enracinés face à une mondialisation aux effets socioculturels délétères.
Nombre d’entre nous rêvent de voir effacées la droite et la gauche. Sans se rendre compte qu’une aspiration au consensus traduit simplement l’espoir de supprimer la démocratie. Laquelle est un débat permanent entre les différentes visions du bien commun, et repose sur la certitude de la diversité légitime des opinions. Le combat entre un centre mondialiste aspirant au consensus, et ce qu’on appelle aujourd’hui le populisme, n’est rien d’autre que la résurgence contemporaine de l’affrontement droite/gauche, avec des variantes importantes comme il est normal à chaque époque. Il faut rappeler que ces deux catégories naissent avec la saison révolutionnaire, c’est-à-dire avec l’apparition de la démocratie moderne. Déjà à l’époque, la droite évoquait un ensemble conservatisme/enracinement, et la gauche un ensemble progrès/émancipation. Les deux courants qui polarisent aujourd’hui la vie politique en Occident rejouent une partition analogue.
Une volonté élitaire de désappartenance
Les Lumières appellent à l’émancipation, c’est-à-dire à l’ouverture, à la tolérance, à la diversité et possiblement au relativisme. Elles font éclater les anciens clivages, ouvrent les barrières et repoussent sans cesse les limites. Ce qui ne plaît pas à tout le monde, et suscite des refus. C’est pourquoi la vie politique des Occidentaux est depuis plusieurs siècles clivée entre les conservateurs et les progressistes. Mais la seconde moitié du XXe siècle est à cet égard secouée de débats plus violents qu’auparavant. Le rejet des Lumières a engendré, avec des excès divers, les fascismes/corporatismes et le nazisme. En ce sens, on peut dire avec les historiens François Furet et Ernst Nolte que le communisme était la démesure effrayante du progressisme, et le nazisme, la démesure effrayante du conservatisme. Cependant, l’élan vers l’émancipation est si puissant dans les cœurs et les cerveaux des Occidentaux que l’on n’a jamais voulu prendre en compte sérieusement les horreurs du communisme – pendant que les...