Libye

BHL l'africain

Dominique Jamet revient pour Front Populaire sur le périple mouvementé de BHL en Libye.

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Ce samedi 25 juillet, le jour se levait sur la Libye déjà écrasée de soleil et les autochtones vaquaient tranquillement à leurs occupations ordinaires qui sont, dans le désordre, s’adonner aux plaisirs simples de la sieste, faire la queue dans les stations-service et les épiceries, compter, surveiller, commander et fouetter leurs esclaves subsahariens, et se fusiller gentiment les uns les autres, quand soudain semblant crever le ciel et venant de nulle part surgit sur l’aéroport de Misrata un « jet » privé. En descendit un élégant philosophe de soixante et onze ans dont la chemise d’un blanc éblouissant faisait ressortir le costume noir, et réciproquement.

Répondant à l’invitation d’une des nombreuses factions qui se déchirent ce malheureux pays, et plus précisément, semble-t-il, à la demande du ministre de l’Intérieur du plus légal de ses gouvernements, Bernard-Henri Lévy – car c’était lui – avait prévu de se rendre à Tarhouna, ville récemment évacuée par les forces du maréchal Haftar, pour y visiter un charnier que ces dernières avaient laissé derrière elles, dénoncer à la face du monde les atrocités qu’elles avaient commises et en appeler à une communauté internationale particulièrement dure d’oreille.

Les charniers de toute grandeur et de toute provenance sont, on l’imagine bien, ce qui manque le moins en Libye. Pourquoi avoir choisi celui-ci ? C’est que BHL, fidèle à lui-même, a fait comme à son habitude un choix manichéen et décidé que le camp du bien étant celui du gouvernement de Tripoli, reconnu par l’ONU et soutenu par Erdogan, le camp adverse, bien que contrôlant la plus grande partie du territoire et de la population, était donc celui du mal. Ainsi, en Bosnie-Herzégovine, avait-il pris le parti des gentils Bosniaques contre les méchants Serbes, au Kosovo celui des gentils Kosovars contre les vilains Serbes, en Syrie celui des « rebelles » contre l’affreux...