Confessions d’un européiste repenti
TÉMOIGNAGE. En clôture de cette journée spéciale liée au souvenir du 4 février 2008, date funeste qui vit les parlementaires réunis en Congrès à Versailles ratifier le Traité de Lisbonne contre le vote des Français lors du referendum de 2005, nous vous livrons un témoignage fort et courageux, les confessions d’un européiste repenti.
Il y a quelques jours, de retour en France après des années passées à l’étranger, je suis tombé chez moi sur deux reliques, deux textes qui gisaient dans un carton presque oublié. Le premier, dont le papier était déjà jauni par le temps, portait le titre de « Referendum du 20 Septembre 1992 » autorisant la ratification du « Traité sur l’Union européenne » ; le second s’intitulait « referendum du 29 mai 2005 » portant sur la ratification du « Traité établissant une Constitution pour l’Europe. »
A l’origine, un idéal
Des souvenirs presque enfouis me sont alors revenus. A l’époque, j’étais un européiste militant convaincu de cœur et d’esprit. Mon engagement avait commencé à peine après avoir fêté mes 18 ans, en 1988, en commençant à distribuer des tracts et des autocollants pour la campagne présidentielle de feu Raymond Barre. Fils de petit patron, penchant à droite, je préférais l’UDF au RPR car la première était plus européiste et avait moins l’image d’un parti de droite assumé. Les manifestations d’étudiants et de lycéens de 1986 contre la loi Devaquet avaient laissé des traces dans la jeunesse. Malek Oussekine, le seul mort de ces manifestations, était devenu la victime absolue et Jacques Chirac n’était pas populaire. « Comment as-tu pu voter pour ce facho ? », m’avait assené sentencieusement une élève de ma classe de Première B, après que j’eus avoué avoir voté au deuxième tour pour le chef du RPR. Cela n’a a priori pas beaucoup changé, mais seuls des gens de gauche, profs ou élèves, s’exprimaient ouvertement dans les lycées. Les autres n’osaient pas l’ouvrir de peur de la réprobation publique. Quand on est jeune, il faut une conviction bien chevillée au corps et un sacré courage pour pouvoir affronter cette minorité qui s’exprime avec véhémence comme si seul son point de vue était respectable.
En 1992, j’ai...