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Le calendrier des postes

CHRONIQUE. Tout au long de l'été, notre camarade Jean-Paul Pelras nous incite, avec ces chroniques champêtres, à nous replonger dans ce flot de souvenirs qui font notre identité collective. Aujourd'hui, un calendrier bien connu...

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Deux chatons enrubannés installés dans un panier en osier, le mont Saint Michel un jour de printemps, quelques sommets enneigés ou un berger conduisant son troupeau dans la tourmente. Qui n’a jamais vu ces représentations imprimées sur le calendrier des postes accroché au mur de la ferme, juste à côté de la planchette qui sert à suspendre les clefs de l’étable et celle du cellier ?

Nous sommes dans une grande cuisine un peu sombre. Au sol les tomettes rouges sont un peu disjointes. L’odeur est celle d’un mélange de suie et de fritures, de charcuteries rances, d’ail et de savon de marseille. Un chat dort sur une chaise dépaillée. Le balancier de la grande comtoise décapite les secondes. Sur la table, une bouteille de vin, un dessous de plat en fonte, un bol, quelques miettes autour.

Près du réfrigérateur, un calendrier vide poches accroché là voilà trois décennies avec des papiers qui débordent et des chiures de mouches qui masquent le logo de la banque qui l’offrit. Un peu plus loin, après le buffet, la fenêtre qui donne sur le champ, les rideaux qui servent à voir sans être vus, la tapette à mouches, le téléphone à cadran.

Et juste au-dessus, entre la photo du fils parti trop loin et celle du mari parti pour trop longtemps, le calendrier des postes. Celui des figures de lune que l’on respectait scrupuleusement au moment des semis ou des coupes de bois, celui qui montrait des chasses à coure quand tout allait bien et des militaires quand ça n’allait pas. Celui que l’on garde pour ne pas oublier la grêle, le mariage du petit dernier, un rendez-vous chez le docteur ou le prix de la bouteille de gaz qui a encore augmenté.

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