Appropriation culturelle

Les chevaux de Troie du néo-conservatisme

OPINION. Appropriation culturelle, surtout, mais aussi « sensitivity readers »  ou « cancel culture » : autant de nouveaux procédés venus des Etats-Unis dangereusement rétrogrades mélangeant conservatisme, communautarisme, censure et politiquement correct de bas étage.

/2020/10/train-2373323_1920

Appropriation culturelle

Montréal, juillet 2018. Le festival international de jazz propose dans le cadre de sa programmation le spectacle « SLAV », à l’initiative de Betty Bonifassi, chanteuse et donc créatrice du spectacle se basant sur l’utilisation de chants d’esclaves afro-américains.

Problème : Betty Bonifassi est blanche. Tare insupportable aux yeux des manifestants demandant (et obtenant) l’annulation pure et simple du spectacle en question ; une artiste blanche ne pouvant, selon eux, comprendre et dénoncer le scandale de l’esclavagisme (où étaient les mêmes quand Tarantino proposait « Django Unchained » ? ).

Cas hélas loin d’être isolé qui trouve sa source sur le continent nord américain mais se propage au reste de l’Occident , le phénomène d’appropriation culturelle est le miroir inversé du politiquement correct : prôné par les mêmes qui vantent la diversité et le cosmopolitisme sous couvert d’un discours humaniste et tolérant, surtout si le respect et la tolérance vont dans leur sens, il disqualifie d’entrée de jeu et sans aucune forme de débat celles et ceux qui auraient le tort de ne pas faire partie d’une certaine communauté.

Racialisation

Autres exemples par l’absurde : les DJ américains Joey Negro et Black Madonna, en activité depuis 20 ans, ont été contraints de changer leur nom de scène sous la pression d’associations afro-américaines y voyant une offense, là où il était justement question d’un hommage aux racines funk et soul de la musique électronique, et donc d’un hommage à une culture qui semble échapper aux membres de la communauté qui s’en réclament.

Le phénomène porte aussi sur la chose publique : en France, l’affaire Traoré à l’origine du nécessaire et légitime débat sur les violences policières s’est trouvé happé par sa seule et unique racialisation. Les mêmes qui hurlent au fascisme d’État lorsqu’un membre de leur communauté est concerné par le sujet sont bien silencieux quand...