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Londres : le dernier voyage abject de Céline

OPINION. Si la parution de Londres (Gallimard), a suscité la fascination d’une partie de la critique, le second inédit de Louis-Ferdinand Céline n’a pas provoqué le même engouement chez notre lecteur.

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Que dire de plus, après mes critiques des œuvres précédentes : le parcours lamentable d’un engagement politique effarant, et la pluie d’éloges que suscite la découverte de documents exhumés d’une vieille malle ?

Le génie littéraire, pour certains, construit sa carrière autour d’un vécu revendiqué de paresse, de saleté, de fréquentations misérables et de plaintes ordurières contre une société qu’il abhorre. L’ordre, le travail, la patience et toute tentative de sortir du cloaque où il se complait l’autorisent à tenir un discours de révolte, de mépris et de supériorité par un comportement sadique : entrons dans le détail.

Devenu célèbre et adulé du monde littéraire, il compose un récit de ses voyages à Londres, en pleine période de guerre, que ce soit dans les années 1914 ou 1941 n’a aucune importance. D’emblée, il est déserteur, non par conviction, mais par peur de répondre aux obligations militaires, et le souci de continuer son « voyage au bout de la nuit » dans les milieux les plus sordides des bas-fonds. Ses comparses, maquereaux à la petite semaine, ne vivent que de l’exploitation de petites prostituées racolées par la misère, dressées à subir les tortures et les situations les plus dégradantes pour leur fournir les moyens de survivre dans l’alcool, la crasse et la drogue.

Inutile de dresser le catalogue des exploits d’une équipe de branquignols, le lecteur normal se trouve replonger dans la perversion, le sadisme et le nihilisme de héros tragiques prétendant dominer la philosophie humaine.

À titre personnel, Céline exploite Angèle, déjà en main du Major anglais Purcell, avec une décontraction et une indifférence qui le situe au rang des plus grands pervers. Comment ne pas penser au Marquis de Sade, à Michel Houellebecq et aux détraqués du sexe qui représentent si bien la « cancel culture » actuelle ? Il n’y a plus de différence entre l’homme...

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