La guerre d’après : et si la Russie l’emportait ?
CONTRIBUTION / OPINION. Dans La guerre d’après – la Russie face à l’Occident (Grasset, 2025), Carlo Masala projette un avenir où l’Europe, lasse de soutenir l’Ukraine, livre sa sécurité à un empire russe en expansion. Ce n’est pas une fiction absurde, mais une mise en garde lucide contre l’aveuglement stratégique et les renoncements occidentaux.
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Carlo Masala publie La guerre d’après – la Russie face à l’Occident, un livre dont le titre original allemand est « si la Russie gagnait — un scénario » qui place l’Europe en 2028 lorsqu’un traité de paix est signé avec l’Ukraine, consacrant sa capitulation. Plus qu’une dystopie d’un réalisme effrayant, Masala, expert en géopolitique et en politique de sécurité, livre une radiographie implacable de la stratégie russe de reconstitution de son empire.
La fin de la guerre en Ukraine
Mars 2028. Les appels à la raison ont enfin été entendus. Le temps de la paix est arrivé. L’Europe a fini par payer pour sa défense, ce n’est plus aux contribuables du Texas, du Wisconsin ou de l’Ohio de le faire. La Russie n’a pas battu l’Ukraine, qui n’est pas tombée par les armes, mais par lassitude de ses alliés. Les dernières sanctions économiques, les rares qui n’avaient pas encore été levées par les USA, pourront disparaître. Avec la fin des embargos, la Russie espère pouvoir vendre son gaz et son pétrole à de bien meilleurs prix à la Chine et à l’Inde, qui profitèrent abusivement de la situation.
La guerre est terminée. Un traité de paix a été signé entre la Russie et l’Ukraine. Et pour rasséréner les quelques pisse-vinaigre restants de la résistance armée de l’Ukraine contre l’envahisseur, le traité signé est foncièrement équitable, forcément durable puisqu’il consacre la capitulation. La Crimée et les quatre oblasts occupés, y compris les parties qui n’avaient pu être conquises militairement en six années d’opération spéciale, sont juridiquement annexés. Poutine a bien caché son bluff : son économie exsangue n’aurait pu continuer plus longtemps. Il se dit que les Russes auraient perdu suffisamment d’hommes et de matériel pour être dissuadés de recommencer une nouvelle guerre.
Les partis populistes d’Europe applaudissent à fort renfort de...