Écrans

Par delà les écrans

Un jeu pernicieux se déroule sous nos yeux entre la culture, l’information et la manipulation. La technologie a incontestablement permis l’accélération du processus, mais à toute action il faut un désir. La question est donc triple : quelle est la nature de ce désir, de quel cerveau est-il le fruit et quelle en est sa finalité ?

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Commençons par une devinette. Quel personnage public a eu la lucidité de tenir les propos suivants ?

« Le bourrage de crâne a toujours existé. Disons qu’il est plus dilué. Il atteint plus de monde par plus de moyens. Il tombe sur des gens fatigués, mal armés pour réfléchir par eux-mêmes. L’information a grandi plus vite que la culture. En ce sens, la propagande a des chances plus grandes qu’avant… L’information actuelle s’accorde bien avec le fauteuil et le bruit. Beaucoup de nouvelles, beaucoup de confort et beaucoup de bruit, ça ne peut pas produire des esprits actifs et profonds ! »

La réponse est… mais revenons d’abord à ce qui nous est dit et au paysage à ce que ces mots décrivent : un bourrage de crâne d’autant plus efficace qu’il est dilué, des gens fatigués, une information qui prime sur la culture, beaucoup de bruit… On hésite entre la description d’un audiovisuel lancé de toute la vitesse de ses chaînes d’info continue dans une course folle, sur une piste qui n’aurait ni point de départ, ni ligne d’arrivée. A peine un chronomètre et l’impérieuse injonction de s’y soumettre, et celui du nouvel horizon numérique censé borner les points cardinaux de nos pensées, de nos actes, de nos croyances et de nos émotions.

Et pourtant, non ! L’auteur de ces mots ne décrivait alors ni l’un, ni l’autre. Ce personnage public s’appelait Georges Brassens, il est mort en 1981. Nous n’avions alors que quelques chaînes de télévision et de radios, des journaux, pas de téléphone portable… L’illusion est pourtant complète. Alors ? Outre son talent, l’homme aurait-il été un peu médium à ses heures perdues ? Sinon, comment expliquer qu’à quarante ans de distance on puisse autant se retrouver dans le constat que le chanteur établissait ?

L’ordre mondial, même nouveau, c’est encore de l’ordre…

C’est sans doute...