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Baisse des dépenses publiques : « Ils vont taper comme des sourds sur les ménages »

ENTRETIEN. Le gouvernement a organisé, ce lundi 19 juin, des assises des finances publiques afin de réduire l’endettement du pays pour satisfaire au retour des règles budgétaires européennes. Pour l’économiste Philippe Murer, c’est clair : l’exécutif est incapable de penser en dehors de l’ordre néolibéral maastrichtien.

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Front Populaire : L’exécutif espère réduire l’endettement de la France à 108,3 % du PIB en 2027 (contre 111,6 % fin 2022). Pour cela, il entend réduire la dépense publique à 53,5 % du PIB en 2027, contre 57,5 % en 2022. Est-ce un objectif réalisable dans le contexte actuel ?

Philippe Murer : L’inflation permet naturellement au gouvernement de réduire la dette publique grâce à des taux réels négatifs (l’envers du décor est qu’elle appauvrit les épargnants). C’est pour cela que la dette publique a baissé en 2022 malgré un déficit public de 5 % du PIB en 2022 et une croissance très faible.

Remarquons d’ailleurs que la France n’a plus de croissance économique depuis fin 2019. Malgré une explosion des dépenses et du déficit public, la croissance est sur un rythme de 0,3 % par an. Et sur les dix dernières années, la croissance économique française a été de 0,8 % par an en moyenne, contre 4 % dans les années 70, 3 % dans les années 80 et 2 % dans les années 90. La France, et l’Occident en général, finira par passer en croissance négative si nous restons dans ce système économique visiblement inefficace et usé jusqu’à la corde.

Dans un contexte de croissance quasi nul, le déficit public aura tendance à déraper toujours plus. Réduire la dépense publique sera, dans ce contexte, toujours plus douloureux pour les Français.

La seule manière de réellement réduire le déficit et la dette publique est d’adopter un système économique plus efficace et qui sera par ailleurs plus juste. De Gaulle et consorts l’avaient compris en 1945 : une France exsangue, aux infrastructures et usines détruites avait réussi à baisser la dette publique de 190 % du PIB en 1945 à 7 % du PIB en 1973, tout en obtenant croissance, prospérité, inégalités faibles et création de la Sécurité sociale. La seule question qui vaille est : nos élites vont-elles s’entêter dans une idéologie absurde ou sont-elles prêtes à changer ?


FP : Mais ces économies ne sont-elles pas néanmoins nécessaires ?

PM : Dans le système économique actuel, où la France, comme tout l’Occident, produit de moins en moins de biens réels à cause du libre-échange avec la Chine et les autres pays à bas salaires, d’un capitalisme financier et mondialisé qui détruit la France et tout l’Occident,...

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