economieInternationalFPContenu payant

Épargne : Bruxelles veut vous « aider à prendre des décisions financières judicieuses »

ARTICLE. À défaut de parvenir à l’union des capitaux, la Commission européenne veut mobiliser l’épargne dormante des Européens. Une manne de 10 000 milliards d’euros que Bruxelles envisage de mettre au service de l’économie de l’Union.

union-europeenne-epargne
Crédits illustration : ©Alicia Windzio/DPA/SIPA


Ça ressemble à un premier pas vers une union des capitaux déguisée. Ce mardi 30 septembre, la Commission a présenté son projet de Compte d’épargne et d’investissement (CEI). Un modèle de livret avec une contribution minimale de 10 euros par mois, destiné à « aider les citoyens à prendre des décisions financières judicieuses ». Cela, au service de leur « bien-être, leur sécurité financière et leur indépendance », assure Bruxelles.

Mais c’est surtout à la santé de l’économie européenne que songe la Commission. D’après elle, 70% de l’épargne des ménages européens dorment sur des livrets d’épargne « sûrs et faciles d’accès », mais dont les taux de rémunération faibles couvrent à peine l’inflation. Une manne de quelque « 10 000 milliards d’euros » que Bruxelles espère flécher vers des actifs financiers européens. Cet outil pourrait générer jusqu’à « 1200 milliards d’euros supplémentaires d’investissements en dix ans », d’après la commissaire européenne aux services financiers, Maria Luís Albuquerque.

Incitations fiscales


Le CEI ne serait qu’une recommandation non contraignante, adressée aux États, qui auront la charge de le mettre en œuvre et d’en fixer le cadre fiscal. Car c’est tout l’enjeu. « Nous disons aux Etats membres : rendez-le au moins aussi bon que toute incitation fiscale que vous pourriez déjà avoir en place, idéalement mieux », lance la commissaire. L'UE mise également sur la « portabilité des CEI » – exonérer de pénalité fiscale les citoyens qui déménagent d’un pays membre à l’autre.

Il faut dire que l’enjeu économique est fort pour l’Union européenne, dont la santé économique n’est pas des plus attrayantes pour les épargnants, qui préfèrent investir à l’étranger. D’après le gouverneur de la Banque de France, environ 300 milliards d’euros de l’épargne européenne financent des entreprises américaines chaque année. Une « aberration », dénonçait Emmanuel Macron en avril 2024 à La Sorbonne. À qui le dit-il ?

Vous aimerez aussi