L’industrie en manque de bras

ARTICLE.  Après avoir été malmenée, puis délaissée par l’État pendant 30 ans, l’industrie est devenue le secteur économique le plus tendu du point de vue de l’emploi. Les entreprises ne parviennent plus à pourvoir les postes vacants.

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Vendredi 9 octobre, la DARES (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) a publié une analyse qui portait sur “Les tensions sur le marché du travail en 2019”. Paradoxalement, alors que le chômage demeure à un niveau élevé (8,1% fin 2019), certains secteurs connaissent des tensions notables. En tête des élèves en souffrance, le secteur industriel. Alors qu’il comptait 4 551 000 emplois salariés en 1989, il n’a cessé de décroître pour atteindre 3 180 000 en 2017, d’après l’INSEE. Soit une baisse de 30 % en 30 ans. A force de délocalisations et de “tertiarisation”, la France a vu une partie de son savoir-faire industriel humain drastiquement diminuer dans certains métiers, notamment ceux de l’extraction minière, (-68%) ou du textile (-76%).

Si ce secteur, dans son ensemble, est moins pourvoyeur d’emplois qu’il ne le fut par le passé, il n’en demeure pas moins solliciteur de compétences. Ces trente dernières années ont vu progressivement l’attractivité des métiers, comme ceux de chaudronniers ou bien de techniciens en mécanique et travail des métaux, diminuer avec le temps. Des niveaux de salaires méconnus, des conditions de travail contraignantes, une mauvaise image et enfin, des localisations géographiques parfois perçues comme rebutantes, aboutissent à ce constat de la DARES : l’industrie manque de main d'œuvre d’ouvriers et de techniciens qualifiés.

Après une relative accalmie entre 2014 et 2016, le niveau de tension mesuré n’a cessé de progresser pour atteindre son plus haut point en 2019. Comment expliquer ce phénomène ? Il n’est pas récent à vrai dire. Les professionnels pointent des difficultés d'anticipation des plans de charges, par excès de prudence : “L’industrie nécessite des temps longs de formation, des investissements sur plusieurs années. On ne peut donc pas s’adapter en quelques mois. D’autant qu’il est difficile de moduler les effectifs. Si l’on anticipe...

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