Privatisation de la FDJ : le futur argent public que Macron a jeté par les fenêtres
ARTICLE. Alors que les comptes de l’État sont dans le rouge, la décision de la macronie de privatiser la Française des jeux apparaît comme d’autant plus absurde qu’elle a privé l’État d’une manne non négligeable dont elle aurait bien eu besoin aujourd’hui.
À l’heure où le nouveau gouvernement Barnier racle les fonds de tiroirs de Bercy pour résorber les trous dans les comptes publics, certaines décisions passées ont de quoi exaspérer. La privatisation de la Française des jeux (FDJ) en 2019, par exemple, symbole de l’absurdité idéologique chère à l’esprit « strat-upien » d’Emmanuel Macron de vouloir délester l’État d’entreprises monopolistiques particulièrement lucratives, pour la seule et unique raison qu’il n’aurait « pas vocation » à les gérer. C’était la raison officielle, déjà peu avouable. Officieusement, il s’agissait simplement d’une vision court-termiste consistant à privilégier le cash que les futurs dividendes.
Aujourd’hui pourtant, la société anonyme française bat des records, avec 20,6 milliards d’euros de mises encaissées en 2022 contre 15,8 milliards en 2018, avant la privatisation, et un chiffre d’affaires en progression de 5,5% à 3,5 milliards d'euros. Le géant français des jeux d’argents est même en passe d’acquérir une dimension européenne, depuis qu’il a racheté la loterie irlandaise l’an passé, et qu’il s’est offert il y a quelques jours 90 % du capital de l’opérateur suédois de jeux en ligne Kindred (Unibet), pour près de 2,5 milliards d’euros.
175 millions de manque à gagner pour l'État
Mais même maintenant que la FDJ se retrouve en excellente santé financière, l’État se refuse toujours à prendre sa part du butin. La version actuelle du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ne contient aucun projet de surtaxation du secteur des jeux d’argent. D’après un examen de la privatisation de la FDJ réalisé par la commission des Finances de l’Assemblée nationale en mai dernier, l’État s’est au contraire contenté de ses 69,6 millions d’euros de dividendes, perçus au titre des 20% de participation qui lui restent. Si Bruno Le Maire, sous le commandement du duo Emmanuel Macron et Alexis Kohler, n’avait pas procédé à...