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Un poulet sur deux consommé en France est importé

ARTICLE. Malgré la progression de la viande de volaille dans la consommation des Français, la filière volaille de notre pays est à la peine. Un « défaut de souveraineté » qui trouve en partie son origine dans le zèle de la France à appliquer ce qui est décidé à Bruxelles.

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PATRICK SICCOLI/SIPA


Reste-t-il un seul domaine où la France n’a pas entamé un sévère déclin depuis dix ou vingt ans ? Chaque jour, une nouvelle faillite, une nouvelle chute est constatée. Ici c’est l’état de la filière française des volailles qui nous préoccupe. Et il y a de quoi. Désormais, près d’un poulet sur deux consommé en France est importé (47,6 % en 2024). Dans un rapport publié en septembre, la Cour des comptes a quantifié le phénomène. Et comme pour l’industrie, la santé, ou bien l’Éducation nationale, les chiffres sont inquiétants.

Ils sont même incompréhensibles par certains aspects : comment expliquer que malgré une consommation en croissance de 54 % depuis 1999 (soit 1,9 million de tonnes équivalent-carcasse, ou "Mtec", en 2022) qui en fait la viande la plus consommée sur son sol, la France ne produise que de quoi satisfaire les besoins d’un Français sur deux environ ? Dépassant les 2 Mtec en 2000 — une production qui nous aurait donc pu nous assurer notre indépendance alimentaire sur cette filière — la France ne produit plus que 1,5 Mtec. Elle en exporte une partie, 400 000 tonnes équivalent-carcasse. Un chiffre là aussi en baisse : dans les années 90, la France en exportait plus d’un million de tonnes.

Alors pour satisfaire la demande interne, la France importe autour de 800 000 tonnes équivalent-carcasse (en 2022), à 94 % issu des autres États membres de l’Union européenne. Pourtant, l’Hexagone dispose d’une économie solide : environ 15 000 exploitations agricoles dont 6 700 spécialisées, ainsi que 127 abattoirs. Elle emploie environ 100 000 personnes. Pour faire face à l’accroissement de la demande, conjugués aux difficultés rencontrées lors des différentes vagues de crise sanitaire provoquées par la grippe aviaire — qui auront entraîné la mort par maladie ou abattage préventif de plus de 30 millions de volailles depuis...

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