Après avoir réussi à reconquérir la moitié du territoire pris par les Russes depuis le 24 février, les Ukrainiens piétinent désormais dans le sang et le froid. Le front russe semble s’être stabilisé. Les Russes ont perdu beaucoup d’hommes, mais les Ukrainiens au moins autant : soit 100 000 morts ou hors de combat. C’est plus grave pour un pays quatre fois moins peuplé que la Russie. Si les renforts arrivent et que les Russes sont en mesure de lancer une contre-offensive, l’Ukraine peut être battue. Même si la guerre s’enlise, l’Ukraine peut craquer. Le temps joue contre elle. Sa seule chance, c’est la guerre de mouvement que Moscou ne sait pas livrer. Et pour cela, il faut que l’Ukraine ait des chars, et maintenant. Spécialement des chars allemands.

Outre le fait que le Leopard 2 est un excellent char, il est aussi le plus répandu côté OTAN (2000 exemplaires) et celui qui peut être livré et produit le plus vite. Berlin a éprouvé de fortes réticences à ce sujet. D’abord pour des raisons traumatiques. La dernière fois que des panzers allemands se sont répandus dans la plaine ukrainienne, il y a eu des dizaines de millions de morts. Ensuite parce que la doctrine allemande était, jusqu’ici, de ne livrer des armes qu’aux alliés de l’OTAN, et l’Ukraine n’en fait pas partie. Ajoutons que l’Allemagne n’a pas l’arme nucléaire et peut craindre les représailles russes, l’Ukraine ne se trouvant qu’à 1 500 km de sa frontière orientale. Enfin, Berlin ne voulait pas se brouiller définitivement avec Moscou qui, hier encore, lui fournissait du gaz bon marché. C’est justement pour cette raison que les Américains, après avoir châtré énergétiquement l’Allemagne en faisant sauter les gazoducs qui la reliaient à la Russie, tenaient à ce que les Allemands livrent des chars Leopard 2...