Front Populaire : Cela fait plus de deux cents jours que Boualem Sansal, 80 ans, est retenu dans les geôles algériennes. Son procès en appel, reporté au 24 juin, est-il susceptible d’aboutir à une issue positive d’après vous ?

Arnaud Benedetti : On voudrait le croire, mais l'expérience nous incite à l'extrême prudence. Le pouvoir algérien manie le chaud et le froid dans lequel ne cessent de s'embourber  hélas, les officiels français. La perversité de la relation franco-algérienne est telle que nous ne devons céder à aucune forme de naïveté. Les hiérarques algériens depuis l'arrestation honteuse de Boualem Sansal ont déjà à deux reprises laissé fuiter que notre compatriote pourrait potentiellement bénéficier d'une mesure de "clémence". On sait ce qu'il en advint. En reportant le procès en appel de Boualem Sansal au 24 juin, soit à 15 jours de la fête nationale algérienne (le 5 juillet), Alger envoie un message implicite à Paris comme quoi une nouvelle fenêtre d'opportunité en vue d'une grâce pourrait être entrouverte... À voir.

D'autant plus "à voir" que l'acharnement politique dont est victime dans le même temps un autre grand écrivain franco-algérien, Kamel Daoud, n'incite pas à un optimisme excessif. Je rappelle que deux mandats d'arrêt internationaux ont été scandaleusement délivrés à son encontre par les autorités algériennes sans que la France ne proteste ou trouve officiellement à redire à cette énième provocation ! 

FP : En France, les soutiens de Boualem Sansal se mobilisent sans relâche pour obtenir sa libération, notamment le Comité de soutien à Boualem Sansal que vous avez fondé avec la Revue Politique et Parlementaire. Pouvez-vous nous présenter son action ?

AB : Boualem Sansal est membre de la Revue et c’est très spontanément que nous avons pris l’initiative, dès son arrestation connue, de l’annoncer et de constituer un Comité de soutien international. Ce dernier comprend...