En Artsakh, la vie ne tient qu'à un fil
PHOTOREPORTAGE / EXCLUSIF. Deux ans après la « guerre de 44 jours » et l'agression de l'Azerbaïdjan contre les Arméniens de l'Artsakh / Haut-Karabagh, la population continue d'essuyer les assauts du régime d'Ilham Aliyev. Désormais, toute la région est sous blocus, prise en tenaille entre les troupes de Bakou et les forces russes… et les civils sont les premières victimes de cette famine organisée. Notre reporter Gilles Bader s'est rendu sur place.
Fil d’Ariane, ou cordon ombilical, niché dans le Caucase, le corridor de Latchine est toujours bloqué par les militaires azéris, sous le regard complice des forces de la « paix » russes. Dans l’indifférence quasi générale, 120000 arméniens sont pris en otage et meurent à petit feu.
On pourrait utiliser plusieurs formules ou métaphores pour illustrer la situation actuelle dans la région du Haut Karabagh, appelée Artsakh par l’énorme majorité d’Arméniens qui y habitent. L’épée de Damoclès turco-azérie, les poupées russes où, quand on ouvre la plus grande « gaz azéri » on trouve dedans la poupée « gaz russe »… Mais celle qui décrit le mieux la situation des Arméniens en général est sans doute l’expression que m’a soufflée le colonel Gilbert Levon Minassian, héros de guerre et véritable légende en Arménie et à Marseille, aujourd’hui à la retraite mais toujours sur le terrain avec ses hommes: « La relation entre l’Arménie et la Russie de Poutine est celle d’un pendu (l’Arménie) dont la Russie fournirait la corde et le tabouret ». Image à laquelle on pourrait ajouter un personnage : l’autocrate azéri Ilham Aliyev, qui donnerait régulièrement des coups de pieds dans le tabouret.
Pour rappel, lors de la guerre des 44 jours en 2020, un cessez-le-feu a été signé le 9 novembre 2020 entre les deux belligérants, l'Azerbaïdjan et l'Arménie, sous l‘égide de la Russie qui a déployé immédiatement une force de paix de 2000 soldats afin de garantir le...