Droit des femmes

Erdogan ne veut plus de l’égalité homme-femme

ARTICLE. Les rues d'Istanbul se sont remplies de manifestants ce week-end. Une réaction hostile à la décision du président turc Erdogan de quitter la Convention d'Istanbul sur la lutte contre les violences infligées aux femmes. Une hostilité légitime pour ces femmes qui souffrent particulièrement dans ce pays.

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La décision de la Turquie de se retirer de la Convention d'Istanbul, à savoir du traité sur la lutte contre les violences infligées aux femmes a suscité des réactions hostiles en Turquie. Ce samedi 20 mars, des milliers manifestants ont afflué dans le quartier de Kadiköy, à Istanbul, pour scander leur réprobation à cette décision unilatérale de Recep Tayyip Erdogan.

Un sacré retour en arrière pour la Turquie. Il y a 10 ans, il faisait office de précurseur en devenant le premier État membre à ratifier en 2012 cette Convention qui offrait un cadre juridique contraignant vis-à-vis des États signataires. Étaient criminalisés, entre autres, les violences physiques, le mariage ou la stérilisation forcés, ainsi que l’excision. Une décision plébiscitée unanimement par le parlement qui avait alors applaudi comme un seul homme cette signature.

Le président turc n’est, cette fois-ci, pas passé par la voie parlementaire. Un simple décret lui a suffi. De quoi faire enrager l’opposition qui conteste le bien-fondé juridique de cette décision et qui compte porter le sujet devant la Cour constitutionnelle. Pour Erdogan, il s’agit d’accorder à son aile conservatrice ce qu’elle lui demande depuis plusieurs mois. Les groupes conservateurs et islamistes voulaient quitter cette convention dont la lecture “genrée” et “pro LGBT” nuisait aux “valeurs familiales traditionnelles”. Les journaux conservateurs turcs évoquaient alors ni plus ni moins la “destruction des familles.

Alors l’an passé, Recep Tayyip Erdogan avait publiquement évoqué cet envie abandon, suscitant l’ire de l’opposition qui avait manifesté son courroux. Les réactions hostiles s’étaient même étendues à l’organisation de femmes conservatrice KADEM, dont la fille d’Erdogan est membre. Cet acte d’Erdogan n’est pourtant pas si étonnant pour un homme qui vante les mérites de l’Islam qui “accorde une grande valeur aux femmes en raison de...