Étiquetage du vin : quand l’Irlande impose sa loi avec l’aide de Bruxelles
ARTICLE. Depuis que la Commission européenne a donné son feu vert à une loi sur l’étiquetage préventif des bouteilles d’alcool en Irlande, les producteurs de l’Union s’inquiètent pour leurs exportations. Et les défenseurs du marché unique se prennent les pieds dans le tapis.
En matière d’exception à ses règles, Bruxelles a ses raisons que le marché commun ignore. Et cette fois-ci, c’est Dublin qui en tire le bénéfice. En Europe, les Irlandais sont parmi les plus gros consommateurs d’alcool. Avec 1 000 nouveaux cas annuels de cancers liés à l’alcool, selon les chiffres d’Action Alcohol Ireland, et un nouveau-né sur dix atteint de troubles liés à l’alcoolisation fœtale durant la grossesse, le sujet est en passe de devenir un enjeu de santé publique majeur. Pour réduire la consommation de sa population — jusqu’ici, peu informée des méfaits de l’alcool —, le gouvernement se calque sur le modèle de la lutte anti-tabac : en plus d’une augmentation du prix des bouteilles — qui n’est pas liée à l’inflation —, ce dernier a décidé de mettre en place un étiquetage sanitaire.
Depuis la promulgation de la loi, le 22 mai dernier, les vins et spiritueux vendus en Irlande ont l’obligation d’afficher des messages de prévention similaires à ceux inscrits sur les paquets de tabac. Au rayon alcool de leur supermarché, les Irlandais liront, sur les flacons, des messages de prévention sur le « lien direct entre l’alcool et les cancers mortels » ou « des maladies du foie ». Devront également être renseignées les valeurs nutritionnelles du vin, comme le nombre de calories ou le volume d’alcool. Les distributeurs ont trois ans pour se conformer à cette nouvelle réglementation qui, en théorie, ne regarde que le pays qui prend de telles dispositions… mais pas dans le cadre du marché unique.
Le gouvernement irlandais « très reconnaissant et quelque peu surpris »
En effet, afin de ne pas fragiliser l’unité du gigantesque marché européen — qui regroupe les marchés nationaux des pays membres de l’Union européenne et de l’espace Schengen —, toute nouvelle réglementation sur l’étiquetage des denrées alimentaires, s’appliquant au niveau national et non européen, est généralement désapprouvée par la Commission. Mais il semble que cette fois-ci, la souveraineté des États en matière de santé — toute relative, comme on a pu l’observer durant la pandémie de Covid-19 — soit passée au...