OTANGéopolitique

Olivier Delorme : « Au Kosovo comme ailleurs, l’UE patauge dans l’inconséquence et l’absurde »

ENTRETIEN. Une nouvelle poudrière au cœur des Balkans ? Vingt-trois ans après la terrible guerre menée par l'OTAN, les récentes tensions dans le nord du Kosovo, à la frontière avec la Serbie, font ressurgir d'anciennes craintes… L'historien Olivier Delorme, auteur de La Grèce et les Balkans (3 tomes, Gallimard, 2013) et de 30 bonnes raisons pour sortir de l'Europe (H&O, 2017), nous aide à y voir plus clair.

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Front Populaire : Pourquoi le nord du Kosovo est-il peuplé de Serbes contrairement au reste de cette ancienne province serbe, détachée de la Serbie en 2008 ?

Olivier Delorme : Pour comprendre la situation, comme souvent, il faut faire un peu d’histoire. La moitié occidentale de l’actuel Kosovo, ou Métochie (du mot grec qui sert à désigner les dépendances d’un monastère), a été au XIIIe siècle le cœur de l’orthodoxie serbe. Puis au XIVe, elle devient le centre spirituel de l’empire serbe (Peć, ou Pëjë en albanais, est alors le siège d’un patriarcat autocéphale) qui couvre la moitié occidentale des Balkans, du Danube à la Grèce centrale. Et c’est au Champ-des-Merles (Kosovo polje, aujourd’hui dans la banlieue de Priština) que la fine fleur de la noblesse serbe et ses alliés valaques, albanais et bosniaques sont décimés, le 28 juin 1389, par l’armée ottomane : Kosovo et Serbie sont alors progressivement intégrés à l’empire du sultan. Aussi le Kosovo...

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