Etats-Unisguerre russo-ukrainienne

Russie - États-Unis : de Jean Moulin à McCarthy

OPINION. Derrière la compassion légitimement exprimée à l’égard du peuple ukrainien, la bataille de l’image et de l’opinion nous contraint à une lecture binaire du monde, regrette notre lectrice.

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Les images s'enchaînent et les mots s’emballent sur la crise ukrainienne. Dans ce flot incessant de paroles formatées et déjà entendues en Serbie, en Irak, en Tunisie, en Syrie et en Libye, je repense au livre du journaliste Michel Castex sur la révolution roumaine de 1989, Un mensonge gros comme le siècle, qui commence avec cette phrase crue, mais dont chaque journaliste devrait se souvenir : « Mon vieux, on s’est drôlement fait baiser. »

Nul ne peut mépriser le peuple ukrainien et encore moins se réjouir de sa souffrance. Mais nul ne peut non plus condamner la Russie aux gémonies. Car le cœur du débat n’est pas le peuple ukrainien, pas plus que ne l’a été le peuple irakien, libyen ou syrien. Le peuple et sa liberté sont une muleta (leurre en drap de serge rouge utilisé par le matador durant la corrida et les faena) agitée pour aveugler les citoyens dans une rhétorique binaire du gentil américain, du compréhensif européen contre le méchant serbe, irakien, libyen et aujourd’hui russe.

Dans l’arène, ce sont des pseudo-philosophes, des journalistes de plateau et des députés aux habits sans lumière qui offrent un triste spectacle. Les seconds, amnésiques volontaires, invitant même les premiers, dont les agissements pourraient être considérés comme criminels. Il y a aussi dans les trois catégories les pourfendeurs du patriotisme et du souverainisme qui s’érigent en défenseurs de la nation ukrainienne, applaudissant des deux mains ces patriotes. On a même entendu un politicien — Robert Ménard pour ne pas le nommer — déclarer que la Poutine « n’avait pas le droit de protéger une communauté russophone ». Erdogan, dont le pays occupe le quart nord de Chypre depuis 1974 pour « protéger la communauté turcophone », devra-t-il trembler ?. Il s’en amuse.

Dans ce concert d’hypocrisie, Al Jazeera, principal organe de propagande des « combattants de la...

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