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Russie poutinienne, Ukraine, Europe : les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre

OPINION. Retour tragique de l’histoire, le conflit déclenché par Vladimir Poutine a mis pour longtemps un terme au rapprochement tant espéré par certains de la Russie et de l’Europe.

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En lâchant sur l’Ukraine ses missiles, avions bombardiers, flottes d’hélicoptères et colonnes blindées dans la nuit du 23 au 24 février, Poutine aura surpris à peu près tout le monde. Tous ceux du moins qui avaient en mémoire l’histoire du XXe siècle et se rappelaient que, hormis l’attaque de la Pologne en 1919 dans l’élan de la Révolution d’octobre, jamais l’Union soviétique n’avait d’elle-même procédé à des attaques sur le continent européen (l’attaque de la Finlande, l’occupation des pays baltes et de l’est de la Pologne en 1940 s’opérèrent dans le contexte très particulier du conflit déclenché par Hitler et dans le cadre du Pacte germano-soviétique). L’expansion de l’URSS sur le continent après 1945 a été entièrement due à sa lutte aux côtés des alliés occidentaux contre l’Allemagne nazie. Quant à ses successives interventions blindées (Berlin, Budapest, Prague) elles furent opérées dans des pays communistes membres du Pacte de Varsovie et en se prévalant chaque fois de l’appel d’une fraction au moins des régimes que Moscou avait installés.

Ceux qui aujourd’hui parlent de retour à la guerre froide devraient comprendre que celle, chaude, déclenchée par la Russie à l’encontre de l’Ukraine est d’un tout autre ordre ; qu’elle n’annonce pas un retour à une situation semblable à celle de l’après-Seconde Guerre mondiale, mais signale bien plutôt une entrée fracassante dans le nouveau désordre mondial : au sein d’un univers qui s’est à la fois multipolarisé géopolitiquement et globalisé techno-économiquement depuis la chute du régime soviétique.

De cette forme de négationnisme qu’est, en Occident, la volonté d’abolir l’histoire

À ce premier enseignement que l’on croyait pouvoir tirer de l’expérience de l’après-Seconde Guerre mondiale, s’ajoutait celui de l’illusion de la fin de l’histoire, de la caducité de cette chose malpropre, sanglante, mal organisée, imprévisible et dérangeante qu’est l’histoire. Sur ce point, notre sommeil...

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