OTAN

Sommet OTAN 2030 : un tournant dans la diplomatie mondiale ?

OPINION. Pouvoirs supplémentaires concédés aux États-Unis, contournement de l’ONU… Le sommet de l’OTAN qui se tient à Madrid jusqu’à jeudi est d’une importance cruciale.

/2022/06/otan-2030


Rédigé par Henri Roure, ce texte a été avalisé et diffusé par le Cercle de réflexion interarmées (CRI), composé d’anciens militaires et de civils, qui est une entité indépendante réfléchissant sur tous les problèmes liés à la Défense de la France.

L’Organisation des nations unies (ONU) regroupe actuellement 193 pays et constitue ainsi une tribune universelle et un lieu où peut progresser la résolution des différends. Cependant son autorité dans le maintien et surtout le rétablissement de la paix s’avère largement défaillante, car les membres permanents du Conseil de sécurité, disposant d’un droit de veto, sont rarement d’accord sur les modalités de résolution d’un conflit ou sur une proposition politique. Qui plus est, ces puissances ne tiennent pas à concéder trop de pouvoir à une assemblée aussi diverse. Depuis ses échecs dans la conduite d’opérations de maintien de la paix en Somalie, en Bosnie, ou au Rwanda, l’ONU ne bénéficie plus de la considération souhaitable. Cette carence a largement favorisé le développement du rôle de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), qui tend de plus en plus à s’ériger en un outil d’intervention dans les crises, selon bien évidemment les choix des États-Unis, maîtres incontestés de cette organisation. Dans la crise du Kosovo (6 mars 1998 au 10 juin 1999), l’OTAN s’est ainsi substituée à l’ONU. Elle a bombardé la Serbie sans aucun mandat. Cette substitution, totalement illégitime, a cependant dévoilé une faiblesse dans la solidarité interne de l’alliance. Toujours statutairement défensive, l’OTAN s’est révélée, dans les faits, un instrument au service de l’ambition des États-Unis. En l’occurrence, il s’agissait d’établir, par la force, une réorganisation territoriale et politique dans un pays proche de la Russie. Déjà Washington cherchait à ériger la Russie postsoviétique en un ennemi potentiel qu’il fallait provoquer ce qui allait lui permettre de justifier l’idée...

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