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[Jacques Sapir] Comment sortir de la guerre en Ukraine ? – Partie 2 : les erreurs occidentales

CONTRIBUTION / ANALYSE. Dans cette seconde partie d'une analyse qui en comptera au total cinq, l'économiste Jacques Sapir, observateur attentif et rigoureux du monde russe, se concentre sur les causes de la guerre en Ukraine, et plus particulièrement sur les erreurs de l'Occident.
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Comme dit dans la première partie de cette analyse, il s'agit de comprendre les erreurs qui ont conduit au conflit. Celles de l'Occident comme celles, en miroir, de la Russie.

Ces erreurs sont de diverses natures. Nous avons tout d’abord des erreurs de nature « technique », commises par les dirigeants et la classe médiatique, et qui sont liées à une méconnaissance des données, ou de la nature des données. Ainsi, l’affirmation, de nombreuses fois répétées, que le PIB de la Russie était plus ou moins égal à celui de l’Italie ou de l’Espagne, provenait d’une incompréhension – fréquente dans le personnel politique mais aussi parmi les journalistes – des statistiques et de leur mode d’utilisation. Quand vous comparez deux économies, il est important d’utiliser le PIB calculé en Parité de Pouvoir d’Achat (PPA) car les autres méthodes entraînent des biais importants (11). Cela a donc conduit à une sous-estimation du PIB de la Russie (qui est factuellement supérieur à celui de l’Allemagne aujourd’hui) dans les représentations occidentales et donc à une erreur de jugement majeur quant à la capacité de la Russie de faire face tant à la guerre qu’aux sanctions occidentales (12). De même, des erreurs « techniques » ont aussi été commises quant à la capacité de l’industrie russe de produire en grand nombre des armes et des munitions (13). Ces erreurs tendent à se répéter jusqu’au moment où il est impossible de nier la réalité, comme sur la question des munitions (14). Le fondement de ces erreurs-là provient d’une méconnaissance de la Russie ou du fait que les décideurs (et les journalistes) n'ont pas écouté les personnes avec une véritable connaissance de la Russie. Ce premier niveau d’erreur provient donc d’une volonté de ne pas connaître qu’elle porte sur l’objet (la guerre en Ukraine, la Russie, l’Ukraine…) ou qu’elle...

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